dimanche 14 juin 2015

POLICIER : UN MÉTIER POUR MASOCHISTES ASSERMENTÉS


Ah! Un cruciverbiste !



 Flic, keuf, Schmidt, 22, roussin, roussaille, képi, condé, vache, lardu, sans bien entendu omettre tout le champ lexical de basse-cour : poulet, pouleton, perdreau, volaille, maison poulaga, maison poulardin, poule, etc…

Bref, pas étonnant qu’avec ces innombrables termes pour les qualifier ainsi que leur présence en uniforme dans nos rues sans parler de nos télévisions, et en particulier depuis l’avènement des chaines câblées qui proposent de passer toutes nos nuits dans les véhicules des BAC de France,  le policier occupe dans notre vie une place prépondérante.

Et donc pas étonnant non plus que cela déclenche chez bien de nos compatriotes, dès l’enfance,  des vocations policières.

Et ça commence donc très jeune ! Dès la maternelle, dans la cour, au moment des récréations, on nous demande déjà de choisir si on se sent plutôt du côté du policier représentant de la loi et qui gagne toujours à la fin pour peu que nos parents nous aient inculqués un minimum de sens commun, ou du côté du voleur qui va se faire courir après, se faire rattraper, et se faire bastonner à coups de gourdin plus ou moins factice à cet âge où le sentiment de justice prend parfois des proportions inquiétantes.

Généralement, le chef de bande, le beau gosse, celui qui développe un charisme au-dessus de la moyenne devient le policier en chef et décide arbitrairement qui va finir à terre roué de coups par les autres.

Car la vision de la relation entre policiers et bandits chez nos chers enfants est bien plus manichéenne et directe que la réalité du métier.

Il est rare qu’avant de mettre au sol le petit gros désigné voleur, avant même qu’il ait pu émettre un embryon de désir de devenir ne serait-ce que sous-lieutenant de cour de récré , on l’ait interrogé et placé en garde à vue, encore plus rare qu’il ait eu droit aux conseils avisés d’un avocat, et quasiment impossible qu’il obtienne une grâce quelconque à moins qu’il n’ait quelques Euros ou des bonbecs à négocier.

Oui c’est de la corruption, mais on ne le sait pas encore. Mais ça marche déjà.

Son seul salut est de voir le chef de la police « enchristé » par la police des polices des cours de récré, à savoir les surveillants et instituteurs.
NDLA : « enchristé » est un terme réellement utilisé par les flics quand leurs amis bœufs-carottes les coincent.

Afin d’accorder un peu de répit au petit gros, on ne peut que souhaiter que l’influence grandissante des techniques de police scientifique inondant en permanence nos écrans avec plus ou moins de réussite n’atteigne nos cours d’école.

Cela lui permettrait de pouvoir attendre la sortie et de se protéger dans la jupe étriquée de sa maman ou celle bien plus ample de sa nounou  en attendant que la brigade scientifique de la cour ait rangé règles, compas, équerres et rapporteurs avant de décider de son sort peu enviable forcément.

Malgré tout, le « quand je serai grand je veux être policier » a encore de beaux restes et le pire c’est que pour beaucoup ça dure jusqu’à le faire en vrai.

Pourquoi pas, il existe de bons policiers.


Le policier est comme je le disais plus haut un élément central et indispensable de notre société.
Il doit être respecté, aimé, apprécié et honoré lorsqu’il accomplit des actes de bravoure, et c’est beau.

Donc voilà des gens, qu’ils soient brigadiers, sergents, capitaine, commissaire, lieutenant, inspecteur, gardien de la paix (ceux dont Coluche disait qu’ils feraient mieux de nous la foutre plutôt que de nous la garder), CRS et d’innombrables autres spécialités, qui sont censés nous protéger des voleurs.

Sur le papier, une profession dont le but est de protéger les gens et de faire régner la loi, on ne peut que l’aimer !

Alors pourquoi l’image de la police est elle si noire ? Le problème est qu’il s’agit d’une profession visible, dont en plus nous ne voyons chaque jour que la partie la plus…hiérarchiquement exposée dira-t-on.

Il y a certainement des gens très brillants dans la police, mais ce ne sont pas ceux que l’on voit. Ceux qui débarquent à 12 rue de Passy dans le XVIème en cow-boys pour mal parler à un type qui a oublié 10 minutes de mettre sa ceinture parce qu’il pense à autre chose, son boulot ou sa famille, ceux qui se trompent de cible et arrêtent finalement plus d’innocents que de coupables, ceux qui ne répondent pas quand on appelle au commissariat et qui débarquent après coup pour signifier aux jeunes filles qu’elles ne doivent pas s’étonner avec leurs jupes courtes de se faire emmerder. Evidemment ce ne sont pas les plus brillants.

Mais bon, le problème c’est que ça se voit, et il n’y a aucune raison qu’il y ait moins de cons dans la police, dans les postes les plus facilement accessibles, que dans les autres métiers.
Je vais même plus loin en m’impliquant : si j’étais chef de la police, je mettrais certainement aussi mes meilleurs éléments sur d’autres affaires que les dépassements de vitesses ou les contrôles d’identité.

Je ne cherche évidemment à blâmer personne, mais aucun chef d’entreprise ne place ses meilleurs employés au courrier ou à la vérification des badges à l’entrée du bâtiment. Ce qui ne signifie bien entendu pas que les gars du courrier ou des badges sont des idiots, mais qu’il y a plus de chances de retrouver des idiots à ces postes qu’aux postes de direction financière , juridique ou marketing. Postes où l’on retrouve finalement rarement des crétins. Parfois des sales cons, souvent même, mais rarement des bas du front.

Tout ceci relève quand meme d’une logique implacable non ?

Alors quoi ? Que reprocher aux policiers sinon, à chaque échelon hiérarchique, tenter de faire du mieux que leur offrent leurs capacités ?

Vous voulez demander à un agent de circulation de faire preuve de psychologie, de logique, d’autorité, de politesse aussi, de courtoisie et de charme, d’une certaine inventivité dans la gestion de situations dans lesquelles parfois 50 individus seuls au volant de leurs voitures développent une connerie assemblée considérable ?
A 1800 Euros par mois ? Sans avoir fait d’études ou si peu ? Non mais vous croyez quoi ? Qu’ils valent moins que les petits chefs de service en entreprise ?
Moi, je ne leur reproche pas grand chose.
Sauf qu’évidemment avoir à faire à un flic très con peut causer plus de soucis que de se heurter à un postier très con par exemple.

Les policiers ont souvent une vocation, certains sont même parfois d’anciens jeunes en difficuluté qui auraient pu mal tourner, leur boulot n’est pas drôle tous les jours, les gens ne les aiment pas.
Pourtant je reste persuadé qu’ils ont dans l’ensemble un bon fond, une utilité réelle et qu’ils ne méritent pas de tous payer pour une minorité de crétins trop visibles.

Alors voilà pourquoi je vous demande de ne pas devenir policier

Un peu Jean d'Ormesson et Michel Onfray...



Finalement, la seule chose qu’on peut vraiment reprocher aux policiers et qui peut nous mettre dans une rage folle et un désespoir intellectuel définitif, c’est leur capacité permanente à inspirer les rappeurs français.
Je crois que c’est la raison principale qui pourrait motiver chez moi une haine du flic. Pour le reste, franchement, on exagère beaucoup même si quand on se fait arrêter pour un contrôle, on se demande ce que le type va trouver alors qu’on a rien fait.

Le policier est le dénominateur commun aux déblatérations débiles de nos rappeurs français.

On touche là à un problème à prendre en considération.

Quelles sont au juste les sources d’inspiration des rappeurs ?
1/ les poules très bien gaulées qui se promènent en maillot de bain et talons haut tellement maquillées que l’on prendrait un chef indien pour une bonne sœur. Bref, la classe.
2/ Les bagnoles très chères et tunées . bref , la classe
3/ Le fric de partout, bref, la classe
4/ Le mythe du gangster noir américain . bref, la classe.
5/ La haine de toute autorité, et en particulier la plus accessible , le flic du coin de la rue.

Eliminez ces 5 éléments et le rap n’existe plus.
Vous allez me dire que je suis réducteur, car il suffirait alors d’enlever Satan et les collants pour que le heavy métal disparaisse ? d’enlever les dents blanches et les paillettes pour que le funk disparaisse ? d’obliger les douches et d’enlever les gens de gauche pour que la folk disparaisse ?  d’éradiquer alcool, racisme et pauvreté pour que le blues disparaisse ?  d’interdire rire, sexe et danse pour que le zouk disparaisse ? d’obliger le port de souliers pour que Zazie, Noah et Zaz disparaissent ? et surtout, d’en finir enfin avec la faim dans le monde, les guerres, les méchants et les maladies pour que U2 disparaisse ?

Sauf que dans tous ces exemples, pas l’ombre d’un poulet. Alors que dans le rap, si.

Les jeunes de banlieue grandissent dans la haine parfois (comme dans le film appelé d’ailleurs…La Haine), dans le mépris souvent (rien à voir avec Godard je vous rassure), et dans un irrespect généralisé pour toutes les valeurs qu’ils se sentent incapables d’épouser car trop contraignantes.

Alors ces jeunes se réfugient dans le rap qui leur parle, jusque là c’est normal, il est fait par eux et pour eux, encore plus victimes du marketing que la ménagère qui achète du Kinder.
Et donc , le but étant d’être connu et d’espérer gagner de l’argent, sachant qu’une multitude de rappeurs essaie d’exister et qu’on a plus le temps d’attendre d’avoir enregistré 3 albums avant de connaître le succès, il faut aller vite. Accès réservé à ceux qui ont plus de 20 mots de vocabulaire. Il y en a, mais le tri est déjà vaillant.

Pour que ça aille vite, que le buzz prenne, il faut taper fort, et de préférence hors la loi en s’en prenant à l’institution.

Un peu à la manière d’un Malcolm Mc Laren qui avait fabriqué les Sex Pistols et avait attaqué direct la Reine d’Angleterre, mais non sans humour, ou plus proche de nous Renaud qui bien avant les rappeurs avait placé dans une de ses chansons : « votre république moi j’la tringle ».










Autre condition pour espérer réussir, ne jamais essayer l’humour, l’autodérision, le second degré, bref, ce qui définit plus ou moins l’intelligence. La sienne et celle du public. Car ce dernier risquerait de ne pas comprendre. Alors que faire la gueule et se donner un air de dur, c’est bien.

Il faut aussi, dans la panoplie, se trouver un nom débile, et pas drôle. Grotesque même, 1pulsif67, Cortex, Sniper, AbdulX, Nique Ta Mère  , Monsieur R, La Rumeur, et j’en passe.
Messieurs les rappeurs, si vous voulez élever un peu le débat et faire partie de la société des grands spectacles avec forces déguisements et pseudonymes, pourquoi ne pas vous inspirer des pseudos des catcheurs de légende  ? Francisco Pino Farina puis Charles Eltes dits « L’ange blanc », André Roussimof dit « André le Géant »,  Jacques Ducrez dit le « Bourreau de Bethune » , Daniel Dubail dit  « Le Petit Prince » , Roger Trigeaud dit « Chéri-Bibi » , et plus récemment aux US : Hulk Hogan , The Undertaker, Triple H, Stone Cold, The Rock, The Ultimate Warrior, The British Bulldog, The Honkytonk Man, et au Mexique , les rois de la Lucha Libre, El Santo, Blue Demon, Perro Aguayo ou Dr Frankenstein.
Ou mieux, les surnoms des voyous du Milieu :
Jacques Imbert dit “Jacky le mat”, Raymond Mihière dit “Le chinois”, Antoine Cossu dit “Tony l’anguille”, Francis Venverberghe dit “Francis le belge”, Barthelemy Guerini dit “Mémé le doux”, et son frère Antoine dit “le dur”, Farid Berrhama dit “Le rotisseur”, Jean-Paul Bonnella dit “Jeannot Cigare”, Michel Ardouin dit “Le porte-avions”, Jean Augé dit “Jeannot la cuillère”, Louis Guillaud dit “La carpe”, “Le libanais”, “Zé les moustaches”, “René La Canne”, “dédé tronche plate”, “Francky les rayures”, etc…
C’est pas un peu mieux ? Plus drôle ? Plus fleuri ?

Mais l’humour est si difficile à manier.

Il est plus facile de devenir célèbre en chiant sur les flics. Convenons-en. Convenon…zaaaaan !

Et plus je les entends ces rappeurs français, plus je les aime bien les policiers, et en même temps je les déteste, parce que tant qu’il y aura des flics on aura affaire à ces débiles mentaux énervés .

Et en plus tout ça pour rien ! Je ne crois pas que les rappeurs, dans le monde, aient une seule fois fait bouger une ligne politique . Aux Etats-Unis je ne pense pas, alors en France…
Même quand Jay Z est parti à Cuba en pleine crise politique et qu’il a inspiré à Obama cette fine reference à l’artiste : “I’ve got 99 problems and now Jay Z is one”. Alors que Jay Z est une star mondiale, un des hommes les plus puissants du showbiz, Obama l’a juste considéré comme un petit garcon qui avait fait une bêtise sans se rendre compte. Ah on est loin de Nelson Mandela !

Martin Luther King a accompli son œuvre au son des gospels, il a, à sa manière, changé le monde.

Le rap français n’est que la conséquence combinée de l’exportation en Europe de la culture urbaine US vite devenue un business qui a vu dans nos jeunes classes populaires une belle occasion de se remplir encore plus les poches, et de l’arrivée fracassante et libératrice de la gauche au pouvoir en 81 qui a permis une expression bien plus large, bien plus libre , quitte à tout accepter, tout considérer comme artistique, acceptable et signe d’ouverture d’esprit et d’anti-réactionnaire, au risque de ne plus pouvoir séparer le grain de l’ivraie.
Alors qu’ils assument leur marketing et arrêtent de nous gonfler, ils ne sont que des guignols.
Pour ma part,  je suis prêt à me passer de police dans ce pays si on me promet qu’après il n’y aura plus de rap français.

Oui, si les rappeurs énervés promettent de fermer leur grandes gueules d’ignares aux provocations aussi minables que celles de mon chien qui fait ses cacas au milieu du salon en me regardant de ses yeux vitreux qui me disent « et alors maintenant, tu vas faire quoi ? me taper sur la truffe ? me piquer ? ben non, tu vas ramasser, et tu vas la fermer parce que si tu racontes ça, tout le monde va se marrer et se foutre de toi, et en plus dans une heure tu me referas des papouilles, et en plus si je veux je te mords, alors… » , alors je veux bien me passer de police.

D’ailleurs, je me demande si on joue encore aux gendarmes et aux voleurs dans les cours d’écoles des quartiers. Ca doit être rigolo aujourd’hui .

Il y a fort à parier que le beau gosse costaud est devenu le chef de gang, mais pas un justicier à la Zorro qui s’oppose à une autorité injuste, non, le vrai chef de gang, gros con égocentrique et ultraviolent, et que le petit gros est devenu le flic qui se fait cracher dessus, insulter, rabaisser.

Ce qui me rend assez confiant sur la future baisse de vocations chez les policiers et donc la fin de cette mascarade artistique.

Car finalement, les rappeurs ne sont jamais aussi drôles que quand ils se cantonnent au machisme, au fric et aux bagnoles. Mais qu’ils n’essaient pas de nous envoyer des messages. Pitié !

Donc , chers amis, ne soyez pas policiers s’il vous plaît, le service que vous allez rendre à la société et à la musique en général est immense !

L'air intelligent...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire