mercredi 17 juin 2015

DIRECTEUR OU RESPONSABLE MARKETING : UN METIER POUR BRANLEURS PRETENTIEUX




Celui-là est carabiné. Le café gourmand du métier qu’il ne faut pas faire pour ne pas ressembler à ceux qui l’exercent.

Et pourtant…

Combien de jeunes étudiants fiérots de leurs couleurs et de leur école de commerce qu’ils défendront jusqu’à la fin de leurs jours ?

Combien de trentenaires, quadras et quinquas propriétaires d’un statut Facebook  ou d’un Tshirt vaguement délavé d’une régate à laquelle ils ont participé bien des années auparavant , barrant l’esquife floqué de l’écusson de l’école ?

Combien de prometteurs soldats de la grande entreprise rêveraient d’intégrer ces machines infernales et d’y faire leur trou dans le service roi, le service marketing ?

Car le cœur du système, là où tout se décide, un des trois piliers du monde moderne, est bien là.
Et alors ? Quel mal y a-t-il à vouloir intégrer le cœur de la machine ?

Mais aucun mademoiselle, aucun jeune homme ! D’ailleurs il n’y a aucune raison de classer ce métier dans la liste des métiers à ne pas faire .


D’abord parce que c’est toujours mieux que de pousser les wagonnets au fond de la mine, et ensuite parce que concernant ce métier, la question du « j’ai envie-j’ai pas envie » ne se pose pas. Elle s’impose.

Il existe des profils, des parcours qui vous mèneront inexorablement vers ces fonctions. Que vous le vouliez ou non.

Alors maintenant arrêtez de vous poser des questions et passons au test : En êtes vous un ?
Vous pourrez rêver d’être astro-physicien, neuro-chirurgien, coureur cyscliste ou vétérinaire, bien vous en prendra, mais si vous pouvez répondre oui aux 10 conditions qui vont suivre, vous ne pourrez échapper à votre destin et vous terminerez « au marketing » chez Danone, Nestlé, Kraft, Mars, Unilever, Procter ou Henkel, c’est comme ça, vous n’y pourrez rien. Ne luttez pas. L’ennemi est trop puissant, vous ne pourrez pas dérailler, même en engageant sur votre voie une brigade de FFI prêts à vous faire dévier de votre trajectoire, ce sera vain.







Un peu comme ces enfants prédestinés dans le Meilleur des Mondes, si vous faites partie d’une caste indienne, ou quand vous devenez sosie, vous ne pouvez échapper à votre destinée, vous étiez tous les deux destinés…

Donc, test, prêt ? à vos stylos !  A la fin, vous n’aurez même pas à compter vos ronds, triangles et carrés, si vous vous retrouvez dans les 10 conditions suivantes : soit vous n’avez pas encore de métier et c’est bon pour vous, soit vous avez déjà choisi une autre voie…et c’est pas possible de toute façon.

1/ Vous êtes issu d’une famille formidable, des parents qui s’aiment, cadres supérieurs, ou maman au foyer. Vous avez grandi dans l’amour de vos proches, ils vous ont choyé mais en même temps vous ont inculqué des valeurs fortes. La valeur respect, la valeur travail, la valeur famille. Si on vous interviewait, vous pourriez dédier votre réussite à vos parents. Comme n’importe quel footballeur.



Vous avez aussi passé votre jeunesse entre vos établissements scolaires bien notés et vos vacances à L’île de Ré , au Cap Ferret ou en Corse. Là, vous avez rencontré mais surtout retrouvé tous vos potes qui sont aujourd’hui aux mêmes postes que vous. Vous avez fait ce que vous appelez les 400 coups.  C’est à dire aller dans les boîtes du coin pour dépenser votre argent de poche, vous taper toutes les petites parisiennes en villégiature elles aussi et bu tellement de Malibu que vous vous sentez rescapé d’une époque d’excès hallucinants, Woodstock en Bretagne, l’île de Wight à Calvi, une époque de débauche… mais aux effluves de Bounty quand même.

Bref, rien de bien méchant mais de quoi nourrir un mythe que vous tentez de vous créer.
Et quand vous n’êtes pas parisien, vous venez toujours d’une région dont vous êtes très fier… Vous êtes né quelque part, vous n’y êtes pour rien, mais cela vous remplit de fierté. Fier d’être stéphanois, corse, bordelais, angevin ou lillois…mais pourquoi ? Si vous sauvez une vieille dame de la noyade, là oui il y a de quoi être fier ! Mais de là où vous êtes nés… content, oui d’accord. Attaché, bien sûr. Mais fier… Moi je suis fier d’avoir 2 jambes avec des genoux au milieu et les pieds en bas. Super fier !

Bref, si vous êtes fiers de votre lieu de naissance, alors à la limite tapez dans vos mains, mais arrêtez de nous emmerder avec ça. Ou alors retournez y vivre si c’est si bien.

2/ Vous avez vécu (ou vivez) une scolarité sans problème

Votre scolarité a été sans problèmes majeurs. A part quelques avertissements. Vous avez une propension à raconter autour de vous que vous avez toujours été nul et super déconneur. Alors que non. Vous n’étiez pas nul. Mais c’est cool de dire qu’on a été nul et déconneur.
Vous étiez et êtes peut être toujours la tête à claques qui arrive à chaque interro très fier de lui « oh lala, j’ai rien foutu, j’ai rien appris, je sais rien » et qui sort avec un 18 alors que l’autre qui a bossé comme un couturier sri lankais et appris par coeur obtient miraculeusement un 12.

Vous voulez tellement paraître « cool » que s’il faut bouffer des rats pour être cool, vous le ferez.
Ensuite, vous avez décroché votre bac, fait une prépa, et intégré une super école de commerce, une sup de co, ou alors carrément HEC ou l’ESCP.

Et là c’était génial, les plus belles années de votre vie, en plus, vous n’avez rien foutu. Forcément.

Vous vous êtes direct inscrit au BDE, normal, vous avez toujours été un super déconneur et vous avez plein d’idées géniales. Vous avez intégré les équipes de voile, de rugby, et qui d’autres que vous peut avoir le talent d’organiser les grosses soirées où déjà, votre sens du management, de l’organisation et de la création de richesses tout en conservant cet esprit de fêtard qui vous caractérise fait merveille.

C’est bien là que vous avez fini de vous construire en tant qu’homme.



3/ Vous aimez le sport, mais attention, le rugby pas le foot

Oui, vous êtes encore capable lors d’un de vos dîners d’anciens camarades d’école de commerce d’assurer, fier et dressé sur les ergots de votre assurance une théorie aussi débile que : « le football est un sport de gentlemen joué par des voyous , le rugby est un sport de voyous joué par des gentlemen »… capable de venir le vendredi travailler en Friday wear avec un maillot de rugby sur le dos, capable même d’interdire à vos fils, François et César (François en hommage à votre grand-père et César parce que vous êtes cool et donc César c’est un prénom cool)  de pratiquer le football car les valeurs du rugby, solidarité, respect, et autres couillonades c’est quand même autre chose.
Alors qu’en réalité, entre nous,  ce qui est surtout embêtant pour vous, c’est cette présence massive de noirs et d’arabes au foot alors qu’on en voit moins dans le rugby. Mais attention, ça vient, vous allez vite devoir mettre votre fils au polo. Au moins là, les arabes sont des pakistanais milliardaires, c’est mieux. Et puis il y a trop d’argent qui pourrit tout dans le foot. Et vous l’argent dans le sport ça vous gêne. C’est pour ça que vous êtes fan de F1 aussi, certainement… Vous trouvez tellement sale l’argent dans le foot que vous préférez avec votre marque devenir sponsor dans le rugby, pour les valeurs . Pour conserver ces valeurs, vous êtes même prêt à mettre beaucoup d’argent dans le rugby. Comme ça vous pourrez permettre le recrutement d’un sudaf ou d’un néo-zélandais et vous aurez votre maillot des blacks dédicacé, au tipp-ex. Et quand il y aura autant d’argent dans le rugby que dans le foot, et que de jeunes gamins prendront 100 000 par mois et deviendront bizarrement cons et puants, alors vous trouverez ça pourri, mais c’est le système qui l’aura voulu. Et vous n’y serez évidemment pour rien. Et vous vous serez depuis un moment tourné vers le hand ou le volley. Là au moins il y a des valeurs ! Et votre cirque recommencera.




S’il vous plaît, arrêtez de n’aimer le rugby que pour satisfaire votre posture d’anti-foot qui passe bien dans les dîners et que vous oubliez dès que la France du football gagne .

Le foot ne vous intéresse pas ? totalement concevable , quel intérêt de regarder 22 mecs courir après un ballon quand on y comprend rien ? Je citerai donc Bill Shankly , dans le texte cette fois-ci , wikipediez ceux qui ne connaissent pas : "Some people believe football is a matter of life and death, I am very disappointed with that attitude. I can assure you it is much, much more important than that".

Alors retournez sous vos clochers à grailler vos rillettes et laper votre mauvais beaujolais en montrant vos culs à l’arrière des autocars si cela vous enchante. Mais s’il vous plaît, ne venez pas gonfler les amateurs de football avec « le rugby c’est mieux que le foot la preuve on picole et on peut mettre les maillots quand on va au bureau, et chez nous les joueurs sont avocats et médecins »…toujours ?… 

Allez, vous avez raison, remarquez, il  suffit d’un seul diplômé pour en avoir plus que dans le foot. Mais là n’est pas la question . Il n’y a d’ailleurs même pas débat. On peut préférer le rugby parce qu’on s’y amuse plus qu’au foot, ou l’inverse, ou aimer les deux, ou s’en foutre royalement d’ailleurs.

Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas du sud ouest qu’il faut complexer ! Et pourquoi quand on vous demande quel est votre sport, votre posture est à la fois pro-rugby et anti-foot ? Vous ne pouvez pas aimer le rugby pour ce qu’il est ? Non ? Il faut ajouter qu’évidemment vous n’aimez pas le foot ? Quitte à ajouter, car vous êtes bien plus intelligents que les footeux : « Déjà le foot c’est un sport de pédés ».  

Bravo. Ça vaut le coup d’avoir des médecins et des avocats pour sortir des fulgurances comme celle-ci.
Vous croyez qu’un amateur de foot, quand on lui demande quel est son sport favori, il va dire : « moi, c’est le foot, je suis pas comme ces nazes qui aiment le hockey sur gazon ! » ? Non, il s’en fout, il aime le foot, et prend aussi du plaisir à regarder le rugby, car il n’a rien à revendiquer, il sait qu’il a des gens dans le monde entier qui partagent sa passion, qu’il peut arriver dans un village africain ou sur la banquise, il trouvera toujours une boule et des potes pour jouer au foot. Et il se contente de ça.  Il n’a pas de frustration. Il ne ressent pas le besoin de se justifier.

Vous, vous ne connaissez rien au rugby, pas plus qu’au foot en tout cas. Mais vous aimez le rugby juste pour pas aimer le foot. Parce que c’est des pédés, et il y a que des noirs et des arabes. Heureusement qu’il n’y a pas trop de juifs, , on serait bien dans la merde ! (comment ça ? un métier où on gagne beaucoup d’argent rapidement, où l’argent est au cœur du système et il n’y a pas de juifs ? mais alors là-dessus aussi on nous aurait menti ? C’est le foot qui ferait tomber l’édifice du cliché antisémite ? Mazel Tov !!! Et quel est ce métier où le noir ou l’arabe qui court en short gagne plus que le dirigeant blanc en costume ? Le foot, c’est donc la vraie Révolution ? A la Bastille !!!)

Bref, arrêtez de polluer le sport, et surtout de déverser vos inepties qui font plus de mal aux vrais amateurs de rugby qui vous voient arriver comme un cheveu sur la soupe, vous n’avez rien à voir avec le sport, et avec le rugby. Je ne connais pas un basque, un landais, un toulousain qui n’aime le rugby que pour se démarquer des amateurs de foot. Ah ça, Max Guazzini vous a bien vu venir à Paris avec tout le marketing autour du Stade Français Rugby, il ne vous a pas loupés ! En même temps c’était pas compliqué pour lui, vous êtes les mêmes qui écoutiez sa radio 15 ou 20 ans avant !

Autre exemple qui prouve que vous ne comprenez rien : Vous pensez que les footballeurs font semblant d’avoir mal et sont donc homosexuels (car votre raisonnement vole très très haut) parce que quand ils prennent un coup, ils hurlent sur le moment et se relèvent 2 minutes après. Car comme tout le monde le sait, le propre de l’homosexualité  c’est de se tordre de douleur plus qu’un hétéro quand on se fait très mal. C’est connu.

Je vais donc clore ce débat immédiatement et sans discussions possibles :

1/ Non, se prendre un crampon dans la cheville ne fait pas plus mal à un gay qu’à un hétéro. En tout cas, aucune étude ne le prouve.

2/ Vous vous êtes déjà cogné le petit doigt de pied contre une armoire la nuit en allant aux toilettes ? Et alors ? Vous avez ressenti une douleur fulgurante, vous avez hurlé comme un goret qu’on égorge, puis la douleur est passée. Et vous avez continué votre chemin. Le lendemain, soit il n’y a rien, soit vous ne vous en étiez pas rendu compte sur le coup mais votre petit doigt est cassé. Et pourtant, comme vous l’avez précisé quand on vous a soupçonné d’être un peu douillet : « Attend Michel, je te jure, c’était pas une armoire de pédé ! ».

Ici comme dans tant d’autres domaines, votre jugement est injuste : encore un exemple :

En football : une bagarre sur un terrain de foot sera toujours synonyme de jeunes voyous sans éducation qui n’ont pas assez de cervelle pour se retenir et qui nuisent définitivement à l’image de leur sport, donnant un exemple néfaste pour la jeunesse de notre beau pays. De la racaille quoi. Et le pire c’est qu’après on les retrouve à discuter ensemble de rap,de fringues et de filles « toutes des putes bien sûr » dans les boîtes parisiennes, en exhibant lamentablement un argent trop facilement gagné pour être décent.

Voyous de banlieue

Pédés vicelards refoulés


En rugby : Une bonne baston dans le rugby, ce sont 30 gaillards gavés de belle tradition régionale qui , submergés par la passion et le contact viril se distribuent bourre-pifs et taquets, entre hommes, avec honneur et fierté,  avant de se retrouver pour la troisième mi-temps, en boîte, à payer des tournées générales et à discuter en franche camaraderie de fringues, de musique et de belles gonzesses sympas que l’on va se culbuter pendant la nuit , parce que le rugby c’est le rire gras, la tradition et la bonne chère (si, ça s’écrit comme ça, j’ai vérifié). Et c’est ça qui est beau. C’est ça qui est bon.
Ca fait pas un peu le bon et le mauvais chasseur des Inconnus ça ?

Hommes vrais

Tradition virile


Amis rugbymen du sud ouest, vous pouvez venir nous les chercher ces crétins de parisiens qui pensent détenir l’âme de l’ovalie parce que dans leurs soirées ils se bourrent la gueulent et se mettent à chanter systématiquement l’hymne de l’Aviron Bayonnais ? Comme pour dire : je suis un vrai, la preuve ? je chante l’hymne de l’Aviron Bayonnais bourré au balcon d’un appart’ de la Porte d’Auteuil !




4/ Vous avez failli devenir sportif de haut niveau mais…

Mais…la blessure, ou mieux, le choix de vie.

Vous avez dû faire ce choix décisif alors que vous étiez parti , avec votre talent naturel et votre combativité , pour remporter la même année Wimbledon, le Tournoi des VI Nations, la Coupe de l’America et la Ryders cup, avec peut-être même un petit titre NBA dans l’affaire .

Un choix qui finalement a été celui de vos parents alors que bien sûr tous les entraineurs et centres de formation louchaient sur vous , quel dommaaaaage.

Vous aviez tout et pourtant, vous avez tout abandonné, sacrifié la passion pour la raison.
Et le pire c’est qu’à l’arrivée vous-mêmes y croyez. Vous seul en fait. Même l’histoire quand vous avez joué un 5ème tour de Coupe de France contre des pros et dans l’équipe en face y avait même Zidane qui vous a glissé un « bien joué » à la fin du match.

Eh, on est tous passés par là, la réalité, et il ne faut pas en avoir honte, c’est le manque de talent, le manque d’envie, c’est pas grave.

Je vous garantis que si vous aviez vraiment pu, vous l’auriez fait.

5/ Le modèle allemand est génial



La première fois que vous avez été en contact avec l’Allemagne, c’est lors de votre troisième année d’école lorsque vous êtes parti pour un semestre à Munich , le deuxième bien sûr car il faudra bien raconter l’Oktoberfest à vos amis pendant les prochaines…45 années !
Le premier semestre s’est déroulé à Londres, New York ou Tokyo, peu importe, une ville que vous aurez possédée quoiqu’il arrive.

En attendant, 6 mois en Allemagne ont fait de vous un homme neuf. Un homme qui a compris ce que signifiaient les termes « pragmatisme », « efficacité », etc…
Comment ce peuple qui a foutu l’Europe par terre a-t-il réussi à devenir une nation pacifique de leaders naturels, humbles et fiers ?
Et ce modèle à la fois social et libéral, et cette langue à coucher dehors aussi propice aux mots d’amour et à la libido qu’un poster de Céline Dion !

Bon, vous ça vous fait rêver. Le schpountz a certes loupé le virage de la musique moderne en ne nous gratifiant , depuis Mozart (certes autrichien mais c’est pas la grosse diff non plus), que d’une obscure starlette au 99 ballons dans les années 80 ou un groupe de grotesques corbacken dans les années 2000, et quelques métalleux dissimulés derrière des textes en anglais et des vestes en jean neige, mais vous ça ne vous dérange pas.

L’Allemand est aussi à l’aise en musique que l’haltérophile Vasily Alexeïev sur un Cervelo monté en 54/12 dans l’ascension du Ventoux.

Schumacher 82 à Séville ça ne vous dérange pas plus que ça, efficacité, pragmatisme, réussite. Et ben, je ne vous souhaite pas de vous retrouver avec Battiston à un dîner. Quoique la probabilité soit plutôt faiblarde.


5/ Vous n’avez pas de goût



Littérature, musique, cinéma, il n’y a pas un domaine où vous ne faites pas fausse route, pas un.
Du top 5 des ventes de livres aux mauvaises compils, vous nous servez la totale.
Les compils lounge, le dernier Daft Punk, le dernier Stromae, c’est tout ce qu’on trouvera…qu’on ne trouvera plus d’ailleurs parce que vous n’avez plus de CD, vous avez tout sur Itunes, tellement plus pratique.


6/ vous vous trouvez cool alors qu’en fait vous ne l’êtes pas.

Vous êtes même capable de croire qu’il y a du rebelle en vous parce qu’à un moment donné de l’année vous ne vous rasez plus et arborez une barbe de 3 jours. Comme un journaliste chroniqueur du Grand Journal. Et là ça veut dire que vous êtes cool. En plus, le week end, vous n’hésitez pas à porter un jean et des baskets, des modèles vintage de chez adidas, en mec cool quoi. Il paraît même qu’un vendredi vous avez mis un jean au bureau. Attention, ne vous méprenez pas, vous ne serez toujours qu’un suiveur, mais vous le vivez bien, de toute façon vous êtes tellement sûr de vous puisque votre produit est le meilleur du marché. Il vous arrive même d’afficher un petit sourire narquois et moqueur quand vous apercevez un consommateur acheter le mauvais produit dans les rayons du supermarché. Et votre air de vainqueur quand il prend le bon vous conforte dans votre position de blaireau chef.

Ah oui, vous êtes cool aussi parce que vous roulez parfois en scooter trois roues, sorte de Marlon Brando des temps modernes.

Vous pensez qu’être cool c’est une fin en soi. « Cool » est devenu pour vous une valeur refuge. Alors vous tentez de saupoudrer votre vie de tous les ingrédients de la « coolitude ».

Dont l’élément essentiel, qui vous caractérise ainsi que tous vos congénères, et sans quoi vous pensez que vous allez être déconsidéré et pris pour un con : vous êtes convaincus d’être un fêtard.
Etre un fêtard est devenu une obligation, une sorte de Label Rouge du mec cool. Vous sortez, vous buvez, vous riez fort, vous dansez, vous vous couchez très très tard, vous gueulez des « wouuuuuuuhhhhhhh » dès que vous entendez un titre que vous connaissez dans un bar, il vous arrive même de claquer la bise à un videur, vous êtes arrivé, vous êtes un fêtard.

En matière d’anecdotes sur vous-mêmes, vous, toujours vous, vous racontez forcément que vous avez toujours été de toutes les plus grandes fêtes de votre région, de votre ville. Même si c’est faux. Qui peut le prouver ? Invérifiable ! A part ceux qui vous connaissent et vous prennent donc pour un pauvre type. Sachant que les autre s’en fichent royalement. Ce qui porte à 100% votre taux de ridicule.

Vos héros sont tous des fêtards, des mecs qui crient « wouuuuuuuhhhhh » dès qu’ils entendent un morceau connu dans un bar et qui se couchent tard. Ils sont aussi des fêtards.

Mais vous savez que ce n’est pas très grave de ne pas forcément aimer la fête ? Vous savez qu’il est possible de s’épanouir, de s’amuser et de vivre des moments très intenses sans avoir à crier « wouuuuuuuhhhhh » dès qu’on entend un morceau connu dans un bar et  se coucher tard ?

"Ouais on est coools ! Vive les afterworks !"


7/ Vous êtes capables de vous convaincre que le yaourt aux fraises Danone n’a rien à voir , mais alors rien du tout avec le yaourt aux fraises Yoplait, cette sombre merde de yaourt Yoplait aux fraises fait par des connards pour des connards, sans noblesse, sans savoir faire. Vous y croyez.

8/ Vous vous sentez prêts à vous extasier devant un scientifique de labo qui va vous présenter la nouvelle odeur Pin des îles vierges et kiwi de Scandinavie du nouveau désodorisant à chiottes,  à trouver que ça sent vraiment bon mais il faudrait quand même le tester avec une odeur de chiottes juste après qu’un vieil alcoolique ait fait son caca. Vous regardez ce scientifique comme s’il avait découvert comment soigner la sclérose en plaques ou le cancer du sang, et vous vous mettez à courir dans les couloirs des bureaux, vous vous propulsez en pleine réunion de direction avec des prestataires extérieurs et annoncez fier et grave, mais gai et plein d’espoir :

« Messieurs, voici le nouveau Brise, je vais vous le faire sentir, c’est une vraie réussite de nos labos, on va faire un carton.  Je vais demander aux personnes non concernées de sortir de la salle de réunion et de signer une déclaration de confidentialité, la formule « Pin de scandinavie et kiwi vierge des îles grecques  » est pour l’instant totalement secrète et toute fuite pourrait être désastreuse d’un point de vue marketing. »

Alors le « d’un point de vue marketing » à la fin d’une phrase, c’est du génie à l’état pur , ça fait tout passer, ça cloue le bec à des ingénieurs, des grands patrons, des ouvriers,  des secrétaires généraux de l’ONU ou des Maréchaux nord-coréens.

« - C’est quand même formidable ce qu’a fait cet homme en développant ce procédé d’évaluation lactique de la fractale ionique des protons !
-        Euh…oui, c’est fort, très fort, surtout d’un point de vue marketing, il a fait très fort ».

Et d’un coup vous vous retrouvez au niveau de votre interlocuteur, entre spécialistes, pas dans la même matière, mais spécialistes quand même.

Vous avez remarqué d’ailleurs comment les gens vraiment brillants, qui font des métiers inaccessibles pour les gens normaux, mettent toujours en avant leur ignorance totale du marketing ?
Un génie est toujours ignorant en marketing.
Il n’existe pas de génie marketing mais juste des coups de bol et du bon sens paysan.
Vous faites du marketing.

Vous n’êtes pas un génie. CQFD.

9/ Vous pensez être capable très facilement de porter une admiration sans borne pour votre PDG mais de trouver que le DG est un con et vous feriez au moins aussi bien que lui, et sans cirer les pompes du président parce que vous avez de la fierté vous, pas comme tous ces minables. Vous, vous pouvez vous regarder dans votre miroir le matin, pas comme tous ceux qui …pensent pouvoir eux aussi être les seuls à pouvoir se regarder dans le miroir chaque matin.

10/ Enfin , alinéa final de notre test définitif, celui qui va vous révéler enfin, vous tracer une route sans limites à part celles de vos méga-structures : 

Si un jour votre compagnie est impliquée dans un empoisonnement massif, une pollution énorme, la mort d’enfants en Afrique ou ailleurs, responsable ou présumée responsable de l’empoisonnement de milliers de personnes, oui, même des blancs répondant aux sociostyles qui vous intéressent, votre cible marketing, une corruption massive ou des largesses accordées à d’immondes dictateurs sanguinaires, des faits que l’on ne peut ignorer que si l’on est le fils de Ray Charles et Beethoven, vous défendrez vos patrons et actionnaires.





Vous vous fendrez de communiqués de presse, vous défendrez votre position en public et en privé, vous avez l’amour du maillot, et c’est beau, qu’importe finalement que votre attitude soit guidée par l’ignorance, la naïveté, le calcul ou le cynisme, c’est pareil.

De toutes les façons, quoique vous fassiez, aussi discutables soient vos attitudes, vos opinions, vos postures, aussi impitoyables soient vos certitudes, vous vous en foutez, parce que « d’un point de vue marketing, vous avez envie de dire que… ça le fait »…





Alors ? Combien de bonnes réponses ? 10 ?


Tout ça ne fait pas de vous une mauvaise personne, elle fait de vous un RESPONSABLE OU DIRECTEUR MARKETING CHEZ UN GEANT DE L’ALIMENTAIRE OU UN GRAND LESSIVIER

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