Ah! Un cruciverbiste ! |
Flic, keuf, Schmidt, 22, roussin, roussaille, képi, condé, vache, lardu, sans bien entendu omettre tout le champ lexical de basse-cour : poulet, pouleton, perdreau, volaille, maison poulaga, maison poulardin, poule, etc…
Bref, pas étonnant qu’avec ces innombrables termes
pour les qualifier ainsi que leur présence en uniforme dans nos rues sans
parler de nos télévisions, et en particulier depuis l’avènement des chaines
câblées qui proposent de passer toutes nos nuits dans les véhicules des BAC de
France, le policier occupe dans
notre vie une place prépondérante.
Et donc pas
étonnant non plus que cela déclenche chez bien de nos compatriotes, dès
l’enfance, des vocations
policières.
Et ça commence donc très jeune ! Dès la
maternelle, dans la cour, au moment des récréations, on nous demande déjà de
choisir si on se sent plutôt du côté du policier représentant de la loi et qui
gagne toujours à la fin pour peu que nos parents nous aient inculqués un minimum
de sens commun, ou du côté du voleur qui va se faire courir après, se faire
rattraper, et se faire bastonner à coups de gourdin plus ou moins factice à cet
âge où le sentiment de justice prend parfois des proportions inquiétantes.
Généralement, le chef de bande, le beau gosse, celui
qui développe un charisme au-dessus de la moyenne devient le policier en chef
et décide arbitrairement qui va finir à terre roué de coups par les autres.
Car la vision de la relation entre policiers et
bandits chez nos chers enfants est bien plus manichéenne et directe que la
réalité du métier.
Il est rare qu’avant de mettre au sol le petit gros
désigné voleur, avant même qu’il ait pu émettre un embryon de désir de devenir
ne serait-ce que sous-lieutenant de cour de récré , on l’ait interrogé et placé
en garde à vue, encore plus rare qu’il ait eu droit aux conseils avisés d’un
avocat, et quasiment impossible qu’il obtienne une grâce quelconque à moins
qu’il n’ait quelques Euros ou des bonbecs à négocier.
Oui c’est de la corruption, mais on ne le sait pas
encore. Mais ça marche déjà.
Son seul salut est de voir le chef de la police
« enchristé » par la police des polices des cours de récré, à savoir
les surveillants et instituteurs.
NDLA :
« enchristé » est un terme réellement utilisé par les flics quand
leurs amis bœufs-carottes les coincent.
Afin d’accorder un peu de répit au petit gros, on ne
peut que souhaiter que l’influence grandissante des techniques de police
scientifique inondant en permanence nos écrans avec plus ou moins de réussite
n’atteigne nos cours d’école.
Cela lui permettrait de pouvoir attendre la sortie
et de se protéger dans la jupe étriquée de sa maman ou celle bien plus ample de
sa nounou en attendant que la
brigade scientifique de la cour ait rangé règles, compas, équerres et
rapporteurs avant de décider de son sort peu enviable forcément.
Malgré tout, le « quand je serai grand je veux
être policier » a encore de beaux restes et le pire c’est que pour
beaucoup ça dure jusqu’à le faire en vrai.
Pourquoi pas, il existe de bons policiers.
Le policier est comme je le disais plus haut un
élément central et indispensable de notre société.
Il doit être respecté, aimé, apprécié et honoré
lorsqu’il accomplit des actes de bravoure, et c’est beau.
Donc voilà des gens, qu’ils soient brigadiers,
sergents, capitaine, commissaire, lieutenant, inspecteur, gardien de la paix
(ceux dont Coluche disait qu’ils feraient mieux de nous la foutre plutôt que de
nous la garder), CRS et d’innombrables autres spécialités, qui sont censés nous
protéger des voleurs.
Sur le papier,
une profession dont le but est de protéger les gens et de faire régner la loi,
on ne peut que l’aimer !
Alors pourquoi l’image de la police est elle si
noire ? Le problème est qu’il s’agit d’une profession visible, dont en
plus nous ne voyons chaque jour que la partie la plus…hiérarchiquement exposée
dira-t-on.
Il y a certainement des gens très brillants dans la
police, mais ce ne sont pas ceux que l’on voit. Ceux qui débarquent à 12 rue de
Passy dans le XVIème en cow-boys pour mal parler à un type qui a oublié 10
minutes de mettre sa ceinture parce qu’il pense à autre chose, son boulot ou sa
famille, ceux qui se trompent de cible et arrêtent finalement plus d’innocents
que de coupables, ceux qui ne répondent pas quand on appelle au commissariat et
qui débarquent après coup pour signifier aux jeunes filles qu’elles ne doivent
pas s’étonner avec leurs jupes courtes de se faire emmerder. Evidemment ce ne
sont pas les plus brillants.
Mais bon, le problème c’est que ça se voit, et il
n’y a aucune raison qu’il y ait moins de cons dans la police, dans les postes
les plus facilement accessibles, que dans les autres métiers.
Je vais même plus loin en m’impliquant : si j’étais
chef de la police, je mettrais certainement aussi mes meilleurs éléments sur
d’autres affaires que les dépassements de vitesses ou les contrôles d’identité.
Je ne cherche évidemment à blâmer personne, mais
aucun chef d’entreprise ne place ses meilleurs employés au courrier ou à la
vérification des badges à l’entrée du bâtiment. Ce qui ne signifie bien entendu
pas que les gars du courrier ou des badges sont des idiots, mais qu’il y a plus
de chances de retrouver des idiots à ces postes qu’aux postes de direction
financière , juridique ou marketing. Postes où l’on retrouve finalement
rarement des crétins. Parfois des sales cons, souvent même, mais rarement des
bas du front.
Tout ceci relève quand meme d’une logique implacable
non ?
Alors
quoi ? Que reprocher aux policiers sinon, à chaque échelon hiérarchique,
tenter de faire du mieux que leur offrent leurs capacités ?
Vous voulez demander à un agent de circulation de
faire preuve de psychologie, de logique, d’autorité, de politesse aussi, de
courtoisie et de charme, d’une certaine inventivité dans la gestion de
situations dans lesquelles parfois 50 individus seuls au volant de leurs
voitures développent une connerie assemblée considérable ?
A 1800 Euros par mois ? Sans avoir fait
d’études ou si peu ? Non mais vous croyez quoi ? Qu’ils valent moins que
les petits chefs de service en entreprise ?
Moi, je ne leur reproche pas grand chose.
Sauf qu’évidemment avoir à faire à un flic très con
peut causer plus de soucis que de se heurter à un postier très con par exemple.
Les policiers ont souvent une vocation, certains
sont même parfois d’anciens jeunes en difficuluté qui auraient pu mal tourner,
leur boulot n’est pas drôle tous les jours, les gens ne les aiment pas.
Pourtant je reste persuadé qu’ils ont dans
l’ensemble un bon fond, une utilité réelle et qu’ils ne méritent pas de tous
payer pour une minorité de crétins trop visibles.
Alors voilà
pourquoi je vous demande de ne pas devenir policier …
Un peu Jean d'Ormesson et Michel Onfray... |
Finalement, la seule chose qu’on peut vraiment
reprocher aux policiers et qui peut nous mettre dans une rage folle et un
désespoir intellectuel définitif, c’est leur capacité permanente à inspirer les
rappeurs français.
Je crois que c’est la raison principale qui pourrait
motiver chez moi une haine du flic. Pour le reste, franchement, on exagère
beaucoup même si quand on se fait arrêter pour un contrôle, on se demande ce
que le type va trouver alors qu’on a rien fait.
Le policier est le dénominateur commun aux
déblatérations débiles de nos rappeurs français.
On touche là à un problème à prendre en
considération.
Quelles sont
au juste les sources d’inspiration des rappeurs ?
1/ les poules très bien gaulées qui se promènent en
maillot de bain et talons haut tellement maquillées que l’on prendrait un chef
indien pour une bonne sœur. Bref, la classe.
2/ Les bagnoles très chères et tunées . bref , la
classe
3/ Le fric de partout, bref, la classe
4/ Le mythe du gangster noir américain . bref, la
classe.
5/ La haine de toute autorité, et en particulier la
plus accessible , le flic du coin de la rue.
Eliminez ces 5
éléments et le rap n’existe plus.
Vous allez me dire que je suis réducteur, car il
suffirait alors d’enlever Satan et les collants pour que le heavy métal
disparaisse ? d’enlever les dents blanches et les paillettes pour que le
funk disparaisse ? d’obliger les douches et d’enlever les gens de gauche pour
que la folk disparaisse ?
d’éradiquer alcool, racisme et pauvreté pour que le blues
disparaisse ? d’interdire
rire, sexe et danse pour que le zouk disparaisse ? d’obliger le port de
souliers pour que Zazie, Noah et Zaz disparaissent ? et surtout, d’en
finir enfin avec la faim dans le monde, les guerres, les méchants et les
maladies pour que U2 disparaisse ?
Sauf que dans tous ces exemples, pas l’ombre d’un
poulet. Alors que dans le rap, si.
Les jeunes de banlieue grandissent dans la haine
parfois (comme dans le film appelé d’ailleurs…La Haine), dans le mépris souvent
(rien à voir avec Godard je vous rassure), et dans un irrespect généralisé pour
toutes les valeurs qu’ils se sentent incapables d’épouser car trop contraignantes.
Alors ces jeunes se réfugient dans le rap qui leur
parle, jusque là c’est normal, il est fait par eux et pour eux, encore plus
victimes du marketing que la ménagère qui achète du Kinder.
Et donc , le but étant d’être connu et d’espérer
gagner de l’argent, sachant qu’une multitude de rappeurs essaie d’exister et
qu’on a plus le temps d’attendre d’avoir enregistré 3 albums avant de connaître
le succès, il faut aller vite. Accès réservé à ceux qui ont plus de 20 mots de
vocabulaire. Il y en a, mais le tri est déjà vaillant.
Pour que ça aille vite, que le buzz prenne, il faut
taper fort, et de préférence hors la loi en s’en prenant à l’institution.
Un peu à la manière d’un Malcolm Mc Laren qui avait
fabriqué les Sex Pistols et avait attaqué direct la Reine d’Angleterre, mais
non sans humour, ou plus proche de nous Renaud qui bien avant les rappeurs
avait placé dans une de ses chansons : « votre république moi j’la
tringle ».
Autre condition pour espérer réussir, ne jamais
essayer l’humour, l’autodérision, le second degré, bref, ce qui définit plus ou
moins l’intelligence. La sienne et celle du public. Car ce dernier risquerait
de ne pas comprendre. Alors que faire la gueule et se donner un air de dur,
c’est bien.
Il faut aussi, dans la panoplie, se trouver un nom
débile, et pas drôle. Grotesque même, 1pulsif67, Cortex, Sniper, AbdulX, Nique
Ta Mère , Monsieur R, La Rumeur,
et j’en passe.
Messieurs les rappeurs, si vous voulez élever un peu
le débat et faire partie de la société des grands spectacles avec forces
déguisements et pseudonymes, pourquoi ne pas vous inspirer des pseudos des catcheurs
de légende ? Francisco Pino Farina puis Charles Eltes dits « L’ange
blanc », André Roussimof dit « André le Géant », Jacques Ducrez dit le « Bourreau
de Bethune » , Daniel Dubail dit
« Le Petit Prince » , Roger Trigeaud dit
« Chéri-Bibi » , et plus récemment aux US : Hulk Hogan , The
Undertaker, Triple H, Stone Cold, The Rock, The Ultimate Warrior, The British
Bulldog, The Honkytonk Man, et au Mexique , les rois de la Lucha Libre, El
Santo, Blue Demon, Perro Aguayo ou Dr Frankenstein.
Ou mieux, les surnoms des voyous du Milieu :
Jacques Imbert dit “Jacky le mat”, Raymond Mihière
dit “Le chinois”, Antoine Cossu dit “Tony l’anguille”, Francis Venverberghe dit
“Francis le belge”, Barthelemy Guerini dit “Mémé le doux”, et son frère Antoine
dit “le dur”, Farid Berrhama dit “Le rotisseur”, Jean-Paul Bonnella dit
“Jeannot Cigare”, Michel Ardouin dit “Le porte-avions”, Jean Augé dit “Jeannot
la cuillère”, Louis Guillaud dit “La carpe”, “Le libanais”, “Zé les
moustaches”, “René La Canne”, “dédé tronche plate”, “Francky les rayures”, etc…
C’est pas un peu mieux ? Plus drôle ? Plus fleuri ?
Mais l’humour est si difficile à manier.
Il est plus facile de devenir célèbre en chiant sur
les flics. Convenons-en. Convenon…zaaaaan !
Et plus je les entends ces rappeurs français, plus
je les aime bien les policiers, et en même temps je les déteste, parce que tant
qu’il y aura des flics on aura affaire à ces débiles mentaux énervés .
Et en plus tout ça pour rien ! Je ne crois pas que
les rappeurs, dans le monde, aient une seule fois fait bouger une ligne
politique . Aux Etats-Unis je ne pense pas, alors en France…
Même quand Jay Z est parti à Cuba en pleine crise
politique et qu’il a inspiré à Obama cette fine reference à l’artiste : “I’ve
got 99 problems and now Jay Z is one”. Alors que Jay Z est une star mondiale,
un des hommes les plus puissants du showbiz, Obama l’a juste considéré comme un
petit garcon qui avait fait une bêtise sans se rendre compte. Ah on est loin de
Nelson Mandela !
Martin Luther King a accompli son œuvre au son des
gospels, il a, à sa manière, changé le monde.
Le rap français n’est que la conséquence combinée de
l’exportation en Europe de la culture urbaine US vite devenue un business qui a
vu dans nos jeunes classes populaires une belle occasion de se remplir encore
plus les poches, et de l’arrivée fracassante et libératrice de la gauche au
pouvoir en 81 qui a permis une expression bien plus large, bien plus libre , quitte
à tout accepter, tout considérer comme artistique, acceptable et signe
d’ouverture d’esprit et d’anti-réactionnaire, au risque de ne plus pouvoir
séparer le grain de l’ivraie.
Alors qu’ils assument leur marketing et arrêtent de
nous gonfler, ils ne sont que des guignols.
Pour ma part,
je suis prêt à me passer de police dans ce pays si on me promet qu’après
il n’y aura plus de rap français.
Oui, si les rappeurs énervés promettent de fermer
leur grandes gueules d’ignares aux provocations aussi minables que celles de
mon chien qui fait ses cacas au milieu du salon en me regardant de ses yeux
vitreux qui me disent « et alors maintenant, tu vas faire quoi ? me
taper sur la truffe ? me piquer ? ben non, tu vas ramasser, et tu vas
la fermer parce que si tu racontes ça, tout le monde va se marrer et se foutre
de toi, et en plus dans une heure tu me referas des papouilles, et en plus si
je veux je te mords, alors… » , alors je veux bien me passer de police.
D’ailleurs, je me demande si on joue encore aux gendarmes
et aux voleurs dans les cours d’écoles des quartiers. Ca doit être rigolo
aujourd’hui .
Il y a fort à parier que le beau gosse costaud est
devenu le chef de gang, mais pas un justicier à la Zorro qui s’oppose à une
autorité injuste, non, le vrai chef de gang, gros con égocentrique et
ultraviolent, et que le petit gros est devenu le flic qui se fait cracher
dessus, insulter, rabaisser.
Ce qui me rend assez confiant sur la future baisse
de vocations chez les policiers et donc la fin de cette mascarade artistique.
Car finalement, les rappeurs ne sont jamais aussi
drôles que quand ils se cantonnent au machisme, au fric et aux bagnoles. Mais
qu’ils n’essaient pas de nous envoyer des messages. Pitié !
Donc , chers amis, ne soyez pas policiers s’il vous
plaît, le service que vous allez rendre à la société et à la musique en général
est immense !
L'air intelligent... |
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