Celui-là est carabiné. Le café gourmand du métier qu’il ne faut pas faire pour ne pas ressembler à ceux qui l’exercent.
Et pourtant…
Combien de jeunes étudiants
fiérots de leurs couleurs et de leur école de commerce qu’ils défendront
jusqu’à la fin de leurs jours ?
Combien de trentenaires,
quadras et quinquas propriétaires d’un statut Facebook ou d’un Tshirt vaguement délavé d’une
régate à laquelle ils ont participé bien des années auparavant , barrant
l’esquife floqué de l’écusson de l’école ?
Combien de prometteurs soldats
de la grande entreprise rêveraient d’intégrer ces machines infernales et d’y
faire leur trou dans le service roi, le service marketing ?
Car le cœur du système, là où
tout se décide, un des trois piliers du monde moderne, est bien là.
Et alors ? Quel mal y
a-t-il à vouloir intégrer le cœur de la machine ?
Mais aucun mademoiselle, aucun
jeune homme ! D’ailleurs il n’y a aucune raison de classer ce métier dans
la liste des métiers à ne pas faire .
D’abord parce que c’est
toujours mieux que de pousser les wagonnets au fond de la mine, et ensuite
parce que concernant ce métier, la question du « j’ai envie-j’ai pas
envie » ne se pose pas. Elle s’impose.
Il existe des profils, des
parcours qui vous mèneront inexorablement vers ces fonctions. Que vous le
vouliez ou non.
Alors maintenant arrêtez de vous poser des questions et passons au
test : En êtes vous un ?
Vous pourrez rêver d’être
astro-physicien, neuro-chirurgien, coureur cyscliste ou vétérinaire, bien vous
en prendra, mais si vous pouvez répondre oui aux 10 conditions qui vont suivre,
vous ne pourrez échapper à votre destin et vous terminerez
« au marketing » chez Danone, Nestlé, Kraft, Mars, Unilever, Procter
ou Henkel, c’est comme ça, vous n’y pourrez rien. Ne luttez pas. L’ennemi est
trop puissant, vous ne pourrez pas dérailler, même en engageant sur votre voie
une brigade de FFI prêts à vous faire dévier de votre trajectoire, ce sera
vain.
Un peu comme ces enfants
prédestinés dans le Meilleur des Mondes, si vous faites partie d’une caste
indienne, ou quand vous devenez sosie, vous ne pouvez échapper à votre
destinée, vous étiez tous les deux destinés…
Donc, test, prêt ? à vos
stylos ! A la fin, vous n’aurez
même pas à compter vos ronds, triangles et carrés, si vous vous retrouvez dans
les 10 conditions suivantes : soit vous n’avez pas encore de métier et
c’est bon pour vous, soit vous avez déjà choisi une autre voie…et c’est pas
possible de toute façon.
1/ Vous êtes issu d’une famille formidable, des parents qui s’aiment,
cadres supérieurs, ou maman au foyer. Vous avez grandi dans l’amour de vos
proches, ils vous ont choyé mais en même temps vous ont inculqué des valeurs
fortes. La valeur respect, la valeur travail, la valeur famille. Si on vous
interviewait, vous pourriez dédier votre réussite à vos parents. Comme
n’importe quel footballeur.
Vous avez aussi passé votre
jeunesse entre vos établissements scolaires bien notés et vos vacances à L’île
de Ré , au Cap Ferret ou en Corse. Là, vous avez rencontré mais surtout
retrouvé tous vos potes qui sont aujourd’hui aux mêmes postes que vous. Vous
avez fait ce que vous appelez les 400 coups. C’est à dire aller dans les boîtes du coin pour dépenser
votre argent de poche, vous taper toutes les petites parisiennes en
villégiature elles aussi et bu tellement de Malibu que vous vous sentez rescapé
d’une époque d’excès hallucinants, Woodstock en Bretagne, l’île de Wight à
Calvi, une époque de débauche… mais aux effluves de Bounty quand même.
Bref, rien de bien méchant mais
de quoi nourrir un mythe que vous tentez de vous créer.
Et quand vous n’êtes pas
parisien, vous venez toujours d’une région dont vous êtes très fier… Vous êtes
né quelque part, vous n’y êtes pour rien, mais cela vous remplit de fierté.
Fier d’être stéphanois, corse, bordelais, angevin ou lillois…mais
pourquoi ? Si vous sauvez une vieille dame de la noyade, là oui il y a de
quoi être fier ! Mais de là où vous êtes nés… content, oui d’accord.
Attaché, bien sûr. Mais fier… Moi je suis fier d’avoir 2 jambes avec des genoux
au milieu et les pieds en bas. Super fier !
Bref, si vous êtes fiers de
votre lieu de naissance, alors à la limite tapez dans vos mains, mais arrêtez
de nous emmerder avec ça. Ou alors retournez y vivre si c’est si bien.
2/ Vous avez vécu (ou vivez) une scolarité sans problème
Votre scolarité a été sans
problèmes majeurs. A part quelques avertissements. Vous avez une propension à
raconter autour de vous que vous avez toujours été nul et super déconneur.
Alors que non. Vous n’étiez pas nul. Mais c’est cool de dire qu’on a été nul et
déconneur.
Vous étiez et êtes peut être
toujours la tête à claques qui arrive à chaque interro très fier de lui
« oh lala, j’ai rien foutu, j’ai rien appris, je sais rien » et qui
sort avec un 18 alors que l’autre qui a bossé comme un couturier sri lankais et
appris par coeur obtient miraculeusement un 12.
Vous voulez tellement paraître
« cool » que s’il faut bouffer des rats pour être cool, vous le
ferez.
Ensuite, vous avez décroché
votre bac, fait une prépa, et intégré une super école de commerce, une sup de
co, ou alors carrément HEC ou l’ESCP.
Et là c’était génial, les plus
belles années de votre vie, en plus, vous n’avez rien foutu. Forcément.
Vous vous êtes direct inscrit
au BDE, normal, vous avez toujours été un super déconneur et vous avez plein
d’idées géniales. Vous avez intégré les équipes de voile, de rugby, et qui
d’autres que vous peut avoir le talent d’organiser les grosses soirées où déjà,
votre sens du management, de l’organisation et de la création de richesses tout
en conservant cet esprit de fêtard qui vous caractérise fait merveille.
C’est bien là que vous avez
fini de vous construire en tant qu’homme.
3/ Vous aimez le sport, mais attention, le rugby pas le foot
Oui, vous êtes encore capable
lors d’un de vos dîners d’anciens camarades d’école de commerce d’assurer, fier
et dressé sur les ergots de votre assurance une théorie aussi débile que :
« le football est un sport de
gentlemen joué par des voyous , le rugby est un sport de voyous joué par des
gentlemen »… capable de venir le vendredi travailler en Friday wear
avec un maillot de rugby sur le dos, capable même d’interdire à vos fils,
François et César (François en hommage à votre grand-père et César parce que
vous êtes cool et donc César c’est un prénom cool) de pratiquer le football car les valeurs du rugby,
solidarité, respect, et autres couillonades c’est quand même autre chose.
Alors qu’en réalité, entre
nous, ce qui est surtout embêtant
pour vous, c’est cette présence massive de noirs et d’arabes au foot alors
qu’on en voit moins dans le rugby. Mais attention, ça vient, vous allez vite
devoir mettre votre fils au polo. Au moins là, les arabes sont des pakistanais
milliardaires, c’est mieux. Et puis il y a trop d’argent qui pourrit tout dans
le foot. Et vous l’argent dans le sport ça vous gêne. C’est pour ça que vous
êtes fan de F1 aussi, certainement… Vous trouvez tellement sale l’argent dans
le foot que vous préférez avec votre marque devenir sponsor dans le rugby, pour
les valeurs . Pour conserver ces valeurs, vous êtes même prêt à mettre
beaucoup d’argent dans le rugby. Comme ça vous pourrez permettre le recrutement
d’un sudaf ou d’un néo-zélandais et vous aurez votre maillot des blacks
dédicacé, au tipp-ex. Et quand il y aura autant d’argent dans le rugby que dans
le foot, et que de jeunes gamins prendront 100 000 par mois et deviendront
bizarrement cons et puants, alors vous trouverez ça pourri, mais c’est le
système qui l’aura voulu. Et vous n’y serez évidemment pour rien. Et vous vous
serez depuis un moment tourné vers le hand ou le volley. Là au moins il y a des
valeurs ! Et votre cirque recommencera.
S’il vous plaît, arrêtez de
n’aimer le rugby que pour satisfaire votre posture d’anti-foot qui passe bien
dans les dîners et que vous oubliez dès que la France du football gagne .
Le foot ne vous intéresse
pas ? totalement concevable , quel intérêt de regarder 22 mecs courir
après un ballon quand on y comprend rien ? Je citerai donc Bill Shankly , dans
le texte cette fois-ci , wikipediez ceux qui ne connaissent pas :
"Some people believe football is a matter of life and death, I am very
disappointed with that attitude. I can assure you it is much, much more
important than that".
Alors retournez sous vos
clochers à grailler vos rillettes et laper votre mauvais beaujolais en montrant
vos culs à l’arrière des autocars si cela vous enchante. Mais s’il vous plaît,
ne venez pas gonfler les amateurs de football avec « le rugby c’est mieux
que le foot la preuve on picole et on peut mettre les maillots quand on va au
bureau, et chez nous les joueurs sont avocats et
médecins »…toujours ?…
Allez, vous avez raison, remarquez, il suffit d’un seul diplômé pour en avoir
plus que dans le foot. Mais là n’est pas la question . Il n’y a d’ailleurs
même pas débat. On peut préférer le rugby parce qu’on s’y amuse plus qu’au
foot, ou l’inverse, ou aimer les deux, ou s’en foutre royalement d’ailleurs.
Ce n’est pas parce que vous
n’êtes pas du sud ouest qu’il faut complexer ! Et pourquoi quand on vous
demande quel est votre sport, votre posture est à la fois pro-rugby et
anti-foot ? Vous ne pouvez pas aimer le rugby pour ce qu’il est ?
Non ? Il faut ajouter qu’évidemment vous n’aimez pas le foot ? Quitte
à ajouter, car vous êtes bien plus intelligents que les footeux : « Déjà le foot c’est un sport de
pédés ».
Bravo. Ça vaut
le coup d’avoir des médecins et des avocats pour sortir des fulgurances comme
celle-ci.
Vous croyez qu’un amateur de
foot, quand on lui demande quel est son sport favori, il va dire :
« moi, c’est le foot, je suis pas comme ces nazes qui aiment le hockey sur
gazon ! » ? Non, il s’en fout, il aime le foot, et prend aussi du
plaisir à regarder le rugby, car il n’a rien à revendiquer, il sait qu’il a des
gens dans le monde entier qui partagent sa passion, qu’il peut arriver dans un
village africain ou sur la banquise, il trouvera toujours une boule et des
potes pour jouer au foot. Et il se contente de ça. Il n’a pas de frustration. Il ne ressent pas le besoin de se
justifier.
Vous, vous ne connaissez rien
au rugby, pas plus qu’au foot en tout cas. Mais vous aimez le rugby juste pour
pas aimer le foot. Parce que c’est des pédés, et il y a que des noirs et des
arabes. Heureusement qu’il n’y a pas trop de juifs, , on serait bien dans la
merde ! (comment ça ? un métier
où on gagne beaucoup d’argent rapidement, où l’argent est au cœur du système et
il n’y a pas de juifs ? mais alors là-dessus aussi on nous aurait
menti ? C’est le foot qui ferait tomber l’édifice du cliché
antisémite ? Mazel Tov !!! Et quel est ce métier où le noir ou
l’arabe qui court en short gagne plus que le dirigeant blanc en costume ?
Le foot, c’est donc la vraie Révolution ? A la Bastille !!!)
Bref, arrêtez de polluer le
sport, et surtout de déverser vos inepties qui font plus de mal aux vrais
amateurs de rugby qui vous voient arriver comme un cheveu sur la soupe, vous
n’avez rien à voir avec le sport, et avec le rugby. Je ne connais pas un
basque, un landais, un toulousain qui n’aime le rugby que pour se démarquer des
amateurs de foot. Ah ça, Max Guazzini
vous a bien vu venir à Paris avec tout le marketing autour du Stade Français
Rugby, il ne vous a pas loupés ! En même temps c’était pas compliqué pour
lui, vous êtes les mêmes qui écoutiez sa radio 15 ou 20 ans avant !
Autre exemple qui prouve que
vous ne comprenez rien : Vous pensez que les footballeurs font semblant
d’avoir mal et sont donc homosexuels (car votre raisonnement vole très très
haut) parce que quand ils prennent un coup, ils hurlent sur le moment et se
relèvent 2 minutes après. Car comme tout le monde le sait, le propre de
l’homosexualité c’est de se tordre
de douleur plus qu’un hétéro quand on se fait très mal. C’est connu.
Je vais donc clore ce débat
immédiatement et sans discussions possibles :
1/ Non, se prendre un crampon
dans la cheville ne fait pas plus mal à un gay qu’à un hétéro. En tout cas,
aucune étude ne le prouve.
2/ Vous vous êtes déjà cogné le
petit doigt de pied contre une armoire la nuit en allant aux toilettes ?
Et alors ? Vous avez ressenti une douleur fulgurante, vous avez hurlé
comme un goret qu’on égorge, puis la douleur est passée. Et vous avez continué
votre chemin. Le lendemain, soit il n’y a rien, soit vous ne vous en étiez pas
rendu compte sur le coup mais votre petit doigt est cassé. Et pourtant, comme
vous l’avez précisé quand on vous a soupçonné d’être un peu douillet :
« Attend Michel, je te jure, c’était pas une armoire de
pédé ! ».
Ici comme dans tant d’autres
domaines, votre jugement est injuste : encore un exemple :
En football : une bagarre sur un terrain de foot sera toujours
synonyme de jeunes voyous sans éducation qui n’ont pas assez de cervelle pour
se retenir et qui nuisent définitivement à l’image de leur sport, donnant un
exemple néfaste pour la jeunesse de notre beau pays. De la racaille quoi. Et le
pire c’est qu’après on les retrouve à discuter ensemble de rap,de fringues et
de filles « toutes des putes bien sûr » dans les boîtes parisiennes,
en exhibant lamentablement un argent trop facilement gagné pour être décent.
Voyous de banlieue |
Pédés vicelards refoulés |
En rugby : Une bonne baston dans le rugby, ce sont 30
gaillards gavés de belle tradition régionale qui , submergés par la passion et
le contact viril se distribuent bourre-pifs et taquets, entre hommes, avec
honneur et fierté, avant de se
retrouver pour la troisième mi-temps, en boîte, à payer des tournées générales
et à discuter en franche camaraderie de fringues, de musique et de belles
gonzesses sympas que l’on va se culbuter pendant la nuit , parce que le rugby
c’est le rire gras, la tradition et la bonne chère (si, ça s’écrit comme ça,
j’ai vérifié). Et c’est ça qui est beau. C’est ça qui est bon.
Ca fait pas un peu le bon et le
mauvais chasseur des Inconnus ça ?
Hommes vrais |
Tradition virile |
Amis rugbymen du sud ouest,
vous pouvez venir nous les chercher ces crétins de parisiens qui pensent
détenir l’âme de l’ovalie parce que dans leurs soirées ils se bourrent la
gueulent et se mettent à chanter systématiquement l’hymne de l’Aviron Bayonnais ?
Comme pour dire : je suis un vrai, la preuve ? je chante l’hymne de
l’Aviron Bayonnais bourré au balcon d’un appart’ de la Porte d’Auteuil !
4/ Vous avez failli devenir sportif de haut niveau mais…
Mais…la blessure, ou mieux, le
choix de vie.
Vous avez dû faire ce choix
décisif alors que vous étiez parti , avec votre talent naturel et votre
combativité , pour remporter la même année Wimbledon, le Tournoi des VI
Nations, la Coupe de l’America et la Ryders cup, avec peut-être même un petit
titre NBA dans l’affaire .
Un choix qui finalement a été
celui de vos parents alors que bien sûr tous les entraineurs et centres de
formation louchaient sur vous , quel dommaaaaage.
Vous aviez tout et pourtant,
vous avez tout abandonné, sacrifié la passion pour la raison.
Et le pire c’est qu’à l’arrivée
vous-mêmes y croyez. Vous seul en fait. Même l’histoire quand vous avez joué un
5ème tour de Coupe de France contre des pros et dans l’équipe en
face y avait même Zidane qui vous a glissé un « bien joué » à la fin
du match.
Eh, on est tous passés par là,
la réalité, et il ne faut pas en avoir honte, c’est le manque de talent, le
manque d’envie, c’est pas grave.
Je vous garantis que si vous
aviez vraiment pu, vous l’auriez fait.
5/ Le modèle allemand est génial
La première fois que vous avez
été en contact avec l’Allemagne, c’est lors de votre troisième année d’école
lorsque vous êtes parti pour un semestre à Munich , le deuxième bien sûr car il
faudra bien raconter l’Oktoberfest à vos amis pendant les prochaines…45 années !
Le premier semestre s’est
déroulé à Londres, New York ou Tokyo, peu importe, une ville que vous aurez
possédée quoiqu’il arrive.
En attendant, 6 mois en
Allemagne ont fait de vous un homme neuf. Un homme qui a compris ce que
signifiaient les termes « pragmatisme », « efficacité »,
etc…
Comment ce peuple qui a foutu
l’Europe par terre a-t-il réussi à devenir une nation pacifique de leaders
naturels, humbles et fiers ?
Et ce modèle à la fois social
et libéral, et cette langue à coucher dehors aussi propice aux mots d’amour et
à la libido qu’un poster de Céline Dion !
Bon, vous ça vous fait rêver.
Le schpountz a certes loupé le virage de la musique moderne en ne nous
gratifiant , depuis Mozart (certes autrichien mais c’est pas la grosse diff non
plus), que d’une obscure starlette au 99 ballons dans les années 80 ou un
groupe de grotesques corbacken dans les années 2000, et quelques métalleux
dissimulés derrière des textes en anglais et des vestes en jean neige, mais
vous ça ne vous dérange pas.
L’Allemand est aussi à l’aise
en musique que l’haltérophile Vasily Alexeïev sur un Cervelo monté en 54/12
dans l’ascension du Ventoux.
Schumacher 82 à Séville ça ne
vous dérange pas plus que ça, efficacité, pragmatisme, réussite. Et ben, je ne vous
souhaite pas de vous retrouver avec Battiston à un dîner. Quoique la
probabilité soit plutôt faiblarde.
5/ Vous n’avez pas de goût
Littérature, musique, cinéma,
il n’y a pas un domaine où vous ne faites pas fausse route, pas un.
Du top 5 des ventes de livres
aux mauvaises compils, vous nous servez la totale.
Les compils lounge, le dernier
Daft Punk, le dernier Stromae, c’est tout ce qu’on trouvera…qu’on ne trouvera
plus d’ailleurs parce que vous n’avez plus de CD, vous avez tout sur Itunes,
tellement plus pratique.
6/ vous vous trouvez cool alors qu’en fait vous ne l’êtes pas.
Vous êtes même capable de
croire qu’il y a du rebelle en vous parce qu’à un moment donné de l’année vous
ne vous rasez plus et arborez une barbe de 3 jours. Comme un journaliste
chroniqueur du Grand Journal. Et là ça veut dire que vous êtes cool. En plus,
le week end, vous n’hésitez pas à porter un jean et des baskets, des modèles
vintage de chez adidas, en mec cool quoi. Il paraît même qu’un vendredi vous
avez mis un jean au bureau. Attention, ne vous méprenez pas, vous ne serez
toujours qu’un suiveur, mais vous le vivez bien, de toute façon vous êtes
tellement sûr de vous puisque votre produit est le meilleur du marché. Il vous
arrive même d’afficher un petit sourire narquois et moqueur quand vous
apercevez un consommateur acheter le mauvais produit dans les rayons du
supermarché. Et votre air de vainqueur quand il prend le bon vous conforte dans
votre position de blaireau chef.
Ah oui, vous êtes cool aussi
parce que vous roulez parfois en scooter trois roues, sorte de Marlon Brando
des temps modernes.
Vous pensez qu’être cool c’est
une fin en soi. « Cool » est devenu pour vous une valeur refuge.
Alors vous tentez de saupoudrer votre vie de tous les ingrédients de la
« coolitude ».
Dont l’élément essentiel, qui
vous caractérise ainsi que tous vos congénères, et sans quoi vous pensez que
vous allez être déconsidéré et pris pour un con : vous êtes convaincus
d’être un fêtard.
Etre un fêtard est devenu une
obligation, une sorte de Label Rouge du mec cool. Vous sortez, vous buvez, vous
riez fort, vous dansez, vous vous couchez très très tard, vous gueulez des
« wouuuuuuuhhhhhhh » dès que vous entendez un titre que vous
connaissez dans un bar, il vous arrive même de claquer la bise à un videur,
vous êtes arrivé, vous êtes un fêtard.
En matière d’anecdotes
sur vous-mêmes, vous, toujours vous, vous racontez forcément que vous avez
toujours été de toutes les plus grandes fêtes de votre région, de votre ville.
Même si c’est faux. Qui peut le prouver ? Invérifiable ! A part ceux
qui vous connaissent et vous prennent donc pour un pauvre type. Sachant que les
autre s’en fichent royalement. Ce qui porte à 100% votre taux de ridicule.
Vos héros sont tous des
fêtards, des mecs qui crient « wouuuuuuuhhhhh » dès qu’ils entendent
un morceau connu dans un bar et qui se couchent tard. Ils sont aussi des
fêtards.
Mais vous savez que ce n’est
pas très grave de ne pas forcément aimer la fête ? Vous savez qu’il est
possible de s’épanouir, de s’amuser et de vivre des moments très intenses sans
avoir à crier « wouuuuuuuhhhhh » dès qu’on entend un morceau connu dans
un bar et se coucher tard ?
"Ouais on est coools ! Vive les afterworks !" |
7/ Vous êtes capables de vous convaincre que le yaourt aux fraises Danone
n’a rien à voir , mais alors rien du tout avec le yaourt aux fraises Yoplait, cette
sombre merde de yaourt Yoplait aux fraises fait par des connards pour des
connards, sans noblesse, sans savoir faire. Vous y croyez.
8/ Vous vous sentez prêts à vous extasier devant un scientifique de labo
qui va vous présenter la nouvelle odeur Pin des îles vierges et kiwi de
Scandinavie du nouveau désodorisant à chiottes, à trouver que ça sent vraiment bon mais
il faudrait quand même le tester avec une odeur de chiottes juste après qu’un
vieil alcoolique ait fait son caca. Vous regardez ce scientifique comme s’il
avait découvert comment soigner la sclérose en plaques ou le cancer du sang, et
vous vous mettez à courir dans les couloirs des bureaux, vous vous propulsez en
pleine réunion de direction avec des prestataires extérieurs et annoncez fier
et grave, mais gai et plein d’espoir :
« Messieurs, voici le
nouveau Brise, je vais vous le faire sentir, c’est une vraie réussite de nos
labos, on va faire un carton. Je
vais demander aux personnes non concernées de sortir de la salle de réunion et
de signer une déclaration de confidentialité, la formule « Pin de
scandinavie et kiwi vierge des îles grecques » est pour l’instant
totalement secrète et toute fuite pourrait être désastreuse d’un point de vue
marketing. »
Alors le « d’un point de
vue marketing » à la fin d’une phrase, c’est du génie à l’état pur , ça
fait tout passer, ça cloue le bec à des ingénieurs, des grands patrons, des
ouvriers, des secrétaires généraux
de l’ONU ou des Maréchaux nord-coréens.
« - C’est quand même formidable
ce qu’a fait cet homme en développant ce procédé d’évaluation lactique de la
fractale ionique des protons !
-
Euh…oui, c’est fort, très fort, surtout d’un point
de vue marketing, il a fait très fort ».
Et d’un coup vous vous
retrouvez au niveau de votre interlocuteur, entre spécialistes, pas dans la
même matière, mais spécialistes quand même.
Vous avez remarqué d’ailleurs
comment les gens vraiment brillants, qui font des métiers inaccessibles pour
les gens normaux, mettent toujours en avant leur ignorance totale du
marketing ?
Un génie est toujours ignorant
en marketing.
Il n’existe pas de génie
marketing mais juste des coups de bol et du bon sens paysan.
Vous faites du marketing.
Vous n’êtes pas un génie. CQFD.
9/ Vous pensez être capable très facilement de porter une admiration sans
borne pour votre PDG mais de trouver que le DG est un con et
vous feriez au moins aussi bien que lui, et sans cirer les pompes du président
parce que vous avez de la fierté vous, pas comme tous ces minables. Vous, vous pouvez
vous regarder dans votre miroir le matin, pas comme tous ceux qui …pensent
pouvoir eux aussi être les seuls à pouvoir se regarder dans le miroir chaque
matin.
10/ Enfin , alinéa final de notre test définitif, celui qui va vous révéler
enfin, vous tracer une route sans limites à part celles de vos
méga-structures :
Si un jour votre compagnie est
impliquée dans un empoisonnement massif, une pollution énorme, la mort
d’enfants en Afrique ou ailleurs, responsable ou présumée responsable de
l’empoisonnement de milliers de personnes, oui, même des blancs répondant aux
sociostyles qui vous intéressent, votre cible marketing, une corruption massive
ou des largesses accordées à d’immondes dictateurs sanguinaires, des faits que
l’on ne peut ignorer que si l’on est le fils de Ray Charles et Beethoven, vous
défendrez vos patrons et actionnaires.
Vous vous fendrez de
communiqués de presse, vous défendrez votre position en public et en privé,
vous avez l’amour du maillot, et c’est beau, qu’importe finalement que votre
attitude soit guidée par l’ignorance, la naïveté, le calcul ou le cynisme,
c’est pareil.
De toutes les façons, quoique
vous fassiez, aussi discutables soient vos attitudes, vos opinions, vos
postures, aussi impitoyables soient vos certitudes, vous vous en foutez, parce
que « d’un point de vue marketing, vous avez envie de dire que… ça le
fait »…
Alors ? Combien de bonnes
réponses ? 10 ?
Tout ça ne fait pas de vous une
mauvaise personne, elle fait de vous un RESPONSABLE OU DIRECTEUR MARKETING CHEZ
UN GEANT DE L’ALIMENTAIRE OU UN GRAND LESSIVIER
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire