Mais qu’est ce qui vous prend ? Qu’est ce qui vous a pris pour un
jour décider de devenir agriculteur ?
Oh ! et ne me servez
pas la soupe du « j’avais pas le choix je devais reprendre l’exploitation
familiale et patati et patata ! » Patata surtout d’ailleurs !
N’avez-vous donc aucun
esprit de synthèse ? Aucune lecture vaguement globale de la situation du
monde pour ne pas laisser le métier d’agriculteur à d’autres ? Car au même titre que tous les autres
métiers qui seront disséqués et expliqués dans ce livre, il ne s’agit pas de
bannir toutes ces professions, mais au moins de les laisser à d’autres, de
s’épargner tout ça.
Et donc vous ? c’est
quoi l’histoire si on sort donc du poncif « pas le choix c’est un truc familial » ? Qui
ne tient pas d’ailleurs. Nous ne sommes pas obligés de reprendre le business
familial. Des exemples il y en a des milliers !
Regardez par exemple, le
papa de Zidane était ouvrier du bâtiment , et alors ? Il a pas eu raison
Zizou de faire autre chose ?
Le papa de Jesus était
charpentier, la maman de Mick Jagger était coiffeuse, et le papa de DJ Mosey
était Président de le République, et il est persuadé de pouvoir le redevenir.
Même si son fils c’est DJ Mosey…
Même de Gaulle, le
Général de Gaulle quand même merde c’est pas rien ! Son papi était
entrepreneur dans les métiers à tisser, et alors, il aurait fait quoi le grand
Charles contre Hitler s’il avait repris l’entreprise familiale ? Non messieurs, non mesdames, le Général
n’avait aucune envie de tisser et à préféré bouter le germain botté hors de nos
verts pâturages.
Tenez d’ailleurs en
parlant de verts pâturages, revenons à notre interrogation : qu’est ce qui vous
a pris? choisir cette
voie ? L’agriculture ?
J’ai mon idée :
Vous aimez la nature, le
vert , les prairies et les champs, les fleurs et les ruisseaux, les pâquerettes
et les marguerites, l’odeur du foin fraichement coupé , un vol de perdreaux par
dessus les champs qui montait dans les nuages la foret chantait le soleil
brillait au bout des marécages ?
Le son de la caille qui
margote de la corneille qui craille
du dindon qui glougloute du faisan qui criaille du chat-huant qui hue
dada du paon qui braille de la perdrix qui cacabe du canard qui cancane de la
grue qui trompette de l’hirondelle qui gazouille du merle qui flûte alors du
moineau qui pépie de l’oie qui jacasse du poulet qui piaule de l’alouette qui
grisolle de la pie qui jase dans sa boîte du lapin qui clapit quand le lièvre
vagit et que le renard glapit et de votre chien qui aboie, vous émeut
(qui lui mugit d’ailleurs) ?
La vache qui met bas son petit veau pas
encore maringot vous tire plus de larmes que la chute du Nasdaq? Vos enfants
s’appeleront Olivier et Fleur et votre lapin Myosotis ? Vous aimez être à
l’exterieur et vivre au rythme de la nature mais vous ne souhaitez pas devenir
beatnick parce que ce n’est pas un métier et surtout c’est totalement has
been et vous risquez d’être tout seul , encore plus seul qu’un Mohican ?
Vous pensez que pour
l’avenir de l’humanité il est possible et souhaitable de s’en remettre à une
agriculture saine et bio et qu’il est possible de vivre de cette
activité ?
Alors oui, dans ces cas-là, devenez agriculteur,
sans hésiter, pas d’objection. Lancez vous et prenez le monde à témoin, vous y
arriverez.
Seulement, si je peux me
permettre, je dois apporter quelques précisions, bémols , alertes et conseils
avant de vous lâcher dans la mère nature.
Il faut en premier lieu
que vous sachiez et que vous soyez conscients que de tous temps, le premier qui morfle dès que les choses
tournent un peu vinaigre, c’est l’agriculteur, le paysan. (NDLA : le paysan est une personne qui
exerce le métier d’agriculteur et vit à la campagne, paysan n’est pas un
métier. Maintenant, il faut reconnaître que si le paysan n’est pas forcément
agriculteur, il y a de fortes chances pour que l’agriculteur vive à la campagne
et soit donc aussi paysan, même si ce n’est pas une obligation. En revanche, ce
qui est certain, c’est que le métier de l’agriculture s’appelle
« agriculteur »).
Que ce soit par la
volonté divine (maladies, épidémies, épizooties, canicules, vagues de
froid), ou celle de l’homme (serfs, dimes, écots, taxes, impôts, premiers zigouillés lors
d’attaques de châteaux forts , en première ligne au front quand il y a la
guerre, normes européennes, ouverture de la concurrence, …), c’est toujours
l’agriculteur le plus touché. Et ce n’est pas drôle.
Et même quand il a l’impression
de bien faire son travail, qu’il est en temps de paix, dans un monde moderne,
qu’il cultive son maïs mieux que son voisin, consciencieusement, avec amour, le
résultat est le même, il ne maîtrise rien, même pas le prix auquel il va vendre
ses produits. C’est l’Europe qui décide.
Moi, si je suis
cultivateur de maïs, je songe rapidement à appeler le Géant Vert en direct pour
lui refourguer mes grains contre une mallette de cash hors cours
officiels !
Donc l’agriculteur est
plutôt victime dans la société, il est en bas, à la base, il travaille la
matière première, métier considéré comme si noble…surtout par ceux qui ne
l’exercent évidemment pas .
Et vous allez voir que cette position influe sur une série de
conséquences désastreuses qui font de la vie de l’agriculteur un long chemin de
croix.
Non seulement l’agriculteur dans l’ensemble n’a donc pas de bol, mais en
plus il exerce un des métiers les plus durs qui existent.
En premier lieu, le
problème de l’emploi du temps se révèle déterminant :
Etudiant, sur les bancs
de la fac vous vous demandez ce que vous faites là en regardant par la fenêtre
embuée les étendues vertes d’espoir et de liberté, et vous vous dites que votre
vie n’est que contraintes et asservissements divers. Il est 8h, vos yeux pèsent
encore du poids de vos angoisses et de la soirée de la veille.
Vous êtes submergés par 1/
la fatigue, 2/ la colère, 3/ la frustration, 4/ le dépit, autant de sensations
qui cumulées sont propices aux pires prises de décision hâtives (pour que vous compreniez précisément ce que
je souhaite vous communiquer, c’est, dans un autre contexte, souvent dans ces
états cumulés qu’est prise la décision de finalement se rapprocher de la fille
la plus moche de la soirée, mais libre de tout engagement, vers 5h du matin.
Celle que vous trouviez très laide à minuit, assez vilaine à 1h, qui peut faire
l’affaire à 2h, finalement pas si mal à 3h, mignonne à 4h, la femme de votre
vie, en tout cas c’est ce que vous lui dites, à 5h. C’est bon ? c’est plus
clair maintenant?).
Et donc, c’est dans une
disposition psychologique proche de celle ci que la vocation d’agriculteur peut s’imposer à vous. Surtout si
vous êtes fille ou fils d’agriculteur d’ailleurs.
Et il est 8h du matin.
Votre réveil, souvenez-vous, a sonné à 7h. Et vous vous dîtes : pourquoi
pas ? Je serai libre au moins !
Alors expliquez-moi
comment, à cet instant précis, ne
pas avoir l’esprit encore assez alerte pour évidemment se dire que, avant toute
considération entrepreneuriale, si
le réveil à 7h est compliqué pour aller se poser comme une moule sur un banc
d’école, il existerait un mécanisme surnaturel qui pourrait par miracle rendre
moins pénible un réveil à 5h du matin ? Car l’emploi du temps de
l’agriculteur est une contrainte unique qui entraine l’homme ou la femme dans
les abîmes de la souffrance :
Il est 5 heures…
Eté comme hiver, donc
surtout hiver, debout à 5 heures, à l’heure où on a des
frissons, on perd la tête et on claque des dents seul dans son lit dans des
draps bleus froissés y a des moutons sur le parquet et que chacun fait c’qui
lui plaît, à part vous bien sûr…5 heures,
cette même heure où les camions sont pleins de lait et les balayeurs pleins de
balais, et où Paris s’éveille… 5 heures, l’heure
des décisions désespérées en boîte, nous l’avons vu, il faut suivre…5 heures, l’heure où vous devez vous
lever seul pour nourrir vos bêtes qui vous chient dessus (ou pas loin) à
longueur de journée, vengeresses forcément car elles savent au fond de leur
pelage que vous n’êtes gentils avec elles que pour les engraisser et encaisser
plus au kilo à la revente ! Ou pire les trimballer au salon de
l’Agriculture Porte de Versailles pour avoir une chance de gagner une médaille
de la plus grosse ou de la plus laitière sous les yeux des visiteurs au regard
à peu près aussi vif que celui d’un veau.
Ami agriculteur,
l’équation de ta vie est simple et tragique : tu passes tes journées à te
tuer le dos et la santé à t’occuper de tes bêtes , à les aimer parfois, et pour
quoi au final ? Pour à l’arrivée avoir une chance de toucher le SMIC à la
fin du mois en les zigouillant toutes ? Mais quelle tristesse !
Sauf quand tu les traies…alors là c’est
différent, il faut récupérer le lait et en faire un fromage, de préférence un
qui poque bien pour, une heure après ton lever, soit à 6h du mat’, aller
vérifier l’affinage de ton morbier coulant. Puis retourner voir tes bêtes,
t’occuper de tes céréales, vaquer à 10 000 tâches toutes plus contraignantes
les unes que les autres. Et au bout de 4 heures, et bien il n’est que 9 heures…
Il est 9 heures du matin et tu as déjà fait plus que ce qu’un mec normal
peut supporter en une semaine avec de l’entraînement.
Et pourtant, la journée ne fait que commencer.
Je rappelle pour le
citadin soucieux de sa personne que notre agriculteur n’a bien entendu pas eu
le temps de prendre sa douche, certainement froide parce que l’exploitation ne
peut se permettre des dépenses inutiles car la truie doit être arrosée à l’eau
chaude sinon elle s’enrhume… et va moucher un porcin de 250 kilos ! C’est
pas du petit Kleenex de baronne qu’il faut pour éponger le groin, c’est du
drap, de la voilure de corsaire !
Nous comprenons tous
qu’il ne vaut mieux pas prendre de risque et donc laisser de côté le passage à
la douche et directement enfiler sa combi de misère crottée de la veille pour
aller travailler.
Entre 9h et 12 h tu t’occupes du foin, des céréales, du
véto qui vient et à qui il faut offrir un ptit verre de bienvenue, le même que tu vas offrir au
facteur qui te livre la mise en demeure de l’huissier , au boulanger qui vient
te livrer des miches pour la semaine , etc… Arrêtons nous là. Pitié.
En bref, tu passes ta journée à boire avec les gens de passage et à
bosser dans la gadoue.
Sauf quand tu trônes sur
ton tracteur, fier chevalier du terreau dressé haut sur ta Massey Ferguson
rutilante qui dessinera sur ton champ de blé les contours d’une bicyclette
effilée que la France entière verra lorsque l’hélico du Tour passera au-dessus
de ton exploitation et que Jean-Paul Ollivier fera remarquer que certains ont
une capacité hors norme à piloter leur tracteur comme d’autres pilotent des
avions de chasse. Et on te verra là haut debout sur ta cabine faire des coucous
à Paulo et rater le passage du peloton lâché comme un seul homme sur le bitume
surchauffé de la Nationale les mains sur les cocottes et la marmite dans le
rouge au son des cliquetis des passages de braquets, ils n’auront pas un regard
pour ta machine, ta bête de compétition
qui, en cas de panne, te sucrera ta retraite en plus de tes espoirs.
Mais tu auras été, l’espace d’un instant, le symbole d’une France agricole
conquérante et éternelle.
Et pourtant tu souffres,
ton métier est insoutenable.
Un calvaire stakhanoviste
visible à l’œil nu.
TES FRINGUES …
Tu n’as jamais regardé un
western ? T’as vu la classe de Clint Eastwood dans Rawhide sur son cheval
au milieu de ses bêtes ? La chemise à carreaux de hipster, le bandana
vaguement pendant autour de son cou, le chapeau posé sur sa tête comme une
couronne de roi, le 501, la Marlboro et les tiags ? Ou les gardians en
daim plutôt ? T’as pas vu ? Il fume des Gitanes Clint ? Il a un
beret ? Des bottes en caoutchouc ? Alors ? Pourquoi ? Un petit
effort ? non ? rien ?
A croire que dans chaque
campagne il y a le même magasin. Qu’il existe dans le domaine de la confection
des marques qui dessinent des vêtements uniquement pour une catégorie
socio-professionnelle. Qu’il
existe des ateliers de confection qui sont spécialisés dans les chemises à
carreaux, les bérets, les robes de chambres, les charentaises, les marcel en
nid d’abeille, les chandails à fermeture éclair, les grosses chaussures, et qui
se forcent à mal couper les chemises, costumes et robes dans leurs collections
« soirées de gala à la salle polyvalente ».
Les collections enfants
sont plus simple et se résument en un mot : « Survet’ ».
Comme ça, on est pas
embêtés.
Au fond, l’agriculteur
s’en fout du superflu. Il n’a pas besoin de se trouver classe, beau, de prendre
soin de sa petite personne. Non, il s’en fout. En même temps il a autre chose à
penser, lui, il n’a pas un salaire qui tombe à la fin du mois, il se bat chaque
jour, chaque minute, chaque seconde pour sa survie, alors les conneries superficielles, c’est à dire tout ce qui nous plaît, très
peu pour lui.
NON, PAS LE PARISIEN, AYEZ PITIÉ DE MOI…
Mais le calvaire de
l’agriculteur ne s’arrête pas là, il doit en plus se farcir le parisien qui
vient en vacances ou en week end, gare sa berline sur le terre plain de la
ferme, à l’entrée, entre le tracteur et le silo, sort dans sa tenue de chasse
Mettez, la tradition autrichienne au service du style, évite de trop crotter
ses chaussures quand même, et s’approche avec ce sourire débile du type qui se
convainc à chaque pas qui le rapproche du paysan qu’il se rapproche aussi de la
vérité et de la pureté : « Salut l’ami, alors , on se boit un petit
quelque chose » ?
Il pourra reparler de ce
moment dimanche prochain au club house du golf de Saint Jean de Luz où il a sa
propriété en expliquant à ses congénères dégénérés que finalement, malgré les fortunes
qu’il amasse en spéculant sur les taux d’emprunts des plus fragiles, il ne se
sent jamais aussi humain que lorsqu’il partage ces petits morceaux de vie avec
des gens vrais.
Le pire étant pour les
vignerons qui doivent en plus supporter les inepties œnologiques de ces
cafards.
Des gens vrais… à qui on
devrait donner une autorisation spéciale pour asséner de bons coups de fourches
au cul de ces cons.
L’EXODE RURAL
Et une autre autorisation
qui leur accorderait syndicalement des pauses pour bénéficier du droit à
pleurer sur le sort tragique des agriculteurs qu’ils sont, épuisés, usés,
dont l’atrocité de la profession ne réside que dans une seule statistique,
celle de l’exode rural. Il existe une profession en France que les gens fuient.
Un exode…comme pendant la guerre ! Si vous me trouvez une seule autre
profession qui souffre d’exodes, je veux bien connaître. Aucun exode de
bouchers, d’huissiers, de dentistes, de notaires à l’horizon. Non, l’exode, il
est rural. Le métier est tellement dur, tellement pénible, que les gens fuient.
Partent sur les routes vers les villes. Les jeunes surtout, d’où le survet’
peut être.
La France entière pose un
vernis de respect, d’admiration et de reconnaissance sur une profession dont en
réalité elle se fout royalement.
Ce métier est maudit. Ce
n’est quand même pas de ma faute si dans les stades de foot quand une petite
équipe de province rend visite à un adversaire d’une grande ville, les
supporters gueulent « paysans »
comme une insulte ! C’est le
seul métier qui a droit à ce traitement ! A-t-on déjà vu des supporters
arriver dans un stade et se faire traiter d’experts comptables ou de
garagistes ?
POURQUOI TANT DE HAINE ?
L’agriculteur est une
victime du monde moderne, comme un malade, un handicapé.
La preuve ? Il
existe un téléthon pour que des malades financent leurs traitements, des
soirées Restos du Cœur pour que les pauvres aient à manger, et bien
l’agriculteur a droit à une humiliation qui va au-delà de tout ce que l’on
aurait décemment pu imaginer pour toute autre catégorie en souffrance.
N’y a-t-il pas plus
humiliant pour un homme qui représente un pan entier de l’économie, ne s’en
sort pas, compte ses euros chaque jour, pleure les variations climatiques, se
suicide car il n’a plus d’aides de l’Etat, de constater que finalement, là où
il faut que la France se mobilise, c’est pour lui trouver une meuf ?
Que
donc de toute façon il arrivera jamais à se trouver tout seul parce qu’en plus
du reste il est forcément pas très beau et chez lui, sa déco, ça fait pas
vraiment la une de Maisons Design ?
Et pourtant nous l’avons
fait (oui « nous », car nous sommes tous responsables) : L’Amour est dans le Pré…
« tu es pauvre, tu
es moche, tu trempes les mains dans la merde toute la journée, alors forcément
tu es limite puceau et moi, présentatrice qui fait semblant de te trouver
attachant et touchant alors que bien sûr je te prends pour un pauvre mec, je me
dis que si à peine je t’effleurais le kangourou tu partirais dans le coton en
moins de 2 tellement tu dois pas savoir faire et moi je suis tellement mignonne
et cool et en plus je vais dans les bars parisiens boire des Cosmos avec mes
copines alors l’effet que je dois te faire je te dis pas.... Nous allons
montrer ta misère au pays entier sans évoquer les vrais problèmes que tu as, et
on va t’humilier en te collant une pauvre fille aussi désœuvrée que toi. Et
après, on va un peu te suivre pour voir si t’as osé faire des gosses aussi
moches que l’addition de vous deux pour que tous les gamins se foutent de votre
gueule le lendemain dans la cour ».
Jesus Marie Joseph mon
Dieu miséricordieux, ils l’ont fait. Et refait. Sans honte.
Amis agriculteurs, mais
comment avez vous pu laisser faire ça ? Ne voyez vous pas que cette
émission vous fait plus de mal que toutes les politiques agricoles
communes ? Que vous êtes placés au même rang que ces pauvres chtis et
marseillais castés pour leur débilité profonde et qu’on envoie baver leurs
inepties aux 4 coins du monde ?
Et vous, medias, vous
n’avez pas honte de ce voyeurisme immonde ? Et d’abord, pourquoi ne vendez
vous pas les sex tapes de Michel et Josy pour être sûrs d’aller au bout de l’ignominie ?
Mais alors allons y,
élargissons !
« L’amour est dans la cité » :
tu es jeune, beau, riche, catholique, marié 4 enfants qui vont au catéchisme,
tu habites un pavillon à Versailles et ta femme est parfaite. Mais tu
t’emmerdes et tu rêves de te taper une fille d’ouvrier bien chaude qui vit à 6
dans un F2 au Val Fourré à Mantes ? Nous allons t’aider à lui prouver à
quel point en fait tu es quelqu’un de bien et la France entière va voir que
quand tu as du fric, tu peux sauter n’importe quelle fille un peu dans la
difficulté. Après tu verras que ça ne rime à rien, tu iras te confesser car tu
es quelqu’un de bien, tu te feras pardonner par ta femme, mais ta victime,
elle, retournera chez elle, moquée, insultée, détruite, mais ça intéresse qui ?
« L’amour est un conte
de fée » : Tu es un arabe pauvre et tu vis avec ta mère
âgée et tes frères et sœurs dans
15 m2, tu es musulman, et tu t’appelles Mokhtar. Mais tu rêves de te marier
avec Marie-Blanche de la Croix de Saint-André, de vivre avec elle dans la
demeure familiale de Vaucresson, de passer les week ends dans son château en
bord de Loire et d’être accepté par sa famille car tu l’aimes et en plus, pour
toi, il s’agirait d’un symbole fort d’intégration et d’un modèle de société
auquel tu crois fermement. Nous allons t’aider. Mais n’oublie pas que tu n’es
qu’un arabe, alors tu imagines comme on est des gens formidables si on y
arrive ! Qu’est ce qu’on va rire quand tu vas te prendre les pieds dans le
tapis et que tu seras en décalage !!! Génial le concept ! J’achète !
« Le rêve est à portée » :
Tu es une connasse décérébrée et tu rêves d’être animatrice télé dans des
émissions à gerber et d’étaler ta vie amoureuse avec des mecs connus dans
Voici ? Nous pouvons t’aider, mais pas trop, on ne va pas t’aider à nous
piquer notre boulot quand même !
“Comme sur des roulettes” : Tu es handicapé et tu
rêves de te marier et de participer aux JO , alors comme Intouchables a
cartonné, on va se refaire les scenes d’Intouchables avec toi ! Mais t’es pas
acteur ! alors tu vas être ridicule et on va bien rigoler mais aussi pleurer !
Et on va se gaver !
Agriculteurs, votre
destin est d’être soit ignoré, soit moqué, mais certainement pas respecté ou
encensé, alors si vous avez le choix, faites autre chose, mais pas agriculteur.
Tant pis, on achètera notre maïs aux ricains.
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