dimanche 14 juin 2015

ASTRONAUTE : UN MÉTIER DE FRUSTRATIONS

Selfie !!!!


Coluche disait : « Le mec le plus malchanceux sur terre, c’est Youri Gagarine, il a fait 45 fois le tour de la terre et il est retombé en URSS ».

Bien sûr il ne s’agit que d’une boutade, et pourtant il existe au moins autant de bonnes raisons de ne pas faire ce métier que de tours de terre effectués par ce brave Youri.

Tout d’abord, pour parfaire notre culture générale et spatiale, et nous permettre de glaner 2-3  camemberts au Trivial Poursuit, il faut préciser que le terme « astronaute » ne concerne que les voyageurs de l’espace américains.

Les russes sont des cosmonautes, les français sont des spationautes, les chinois des taïkonautes (on entend rarement parler de taïkonautes, pas nombreux les chinois dans les étoiles, tout n’est pas aussi simple que le ping-pong  ou la gymnastique au sol !).

En résumé, en la matière, chacun se réserve donc le droit de donner le nom qu’il veut aux cobayes qu’il envoie dans les trous noirs  éviter les météorites comme dans un jeu vidéo.

J’ai lu que de jeunes et beaux grecs pensaient sérieusement envoyer un couple de Mykonautes en orbite, mais l’appellation leur est disputée par les esquimaux, ce qui complique partiellement le développement d’une activité spatiale pour ces 2 pays.

Donc à priori, tout paraît très ouvert et accessible pour les prétendants au cosmos.

Mais pour y arriver Dieu que le chemin est rude…

Tout d’abord, il vous faut une passion, une révélation qui se transforme en vocation, et ce dès 7-8 ans.
A l’heure où vous lisez ces lignes, à moins que cet ouvrage majeur pour l’avenir de l’emploi ne soit référencé aux côtés des Club des 5 (avec Claude, la première héroïne lesbienne de l’histoire et son chien Dagobert) et de Harry Potter, il est certainement déjà trop tard.

Donc, à 7-8 ans, on rêve d’aller dans l’espace, au lieu de rêver de marquer le but vainqueur en finale de la Coupe du Monde de foot. Ca sélectionne pas mal déjà ! Même si certains enfants imaginent pouvoir faire les 2, mais ça j’y crois pas. C’est incompatible. Cf ci-après, les études…

Mais bon, passons, une fois que ce rêve et ce destin sont bien ancrés en vous, c’est parti .

En résumé, pour y arriver, c’est pas si compliqué : on fait des maths à 8 ans, des maths à 9 ans, des maths à 10 ans…
A 15 ans ? des maths ! (déjà le footballeur il est out)
A 20 ans ? allez, des maths, mais à l’armée cette fois ci .

Ah oui j’oubliais l’autre contrainte, si vous êtes passionnés de cosmos mais que vous voulez garder vos cheveux ou continuer à lire vos revues anarchistes, faut oublier, vous n’approcherez jamais la lune. 

Passage par l’armée obligatoire.
C’est un vrai truc de droite astronaute.

A 25 ans ? là ça commence à devenir intéressant, on est pilote de chasse. La classe, on fait des courses dans le ciel comme dans Top Gun.



Mais pour vous, les filles faciles, les cérémonies officielles dont vous êtes la star, les réunions stratégiques où tout le monde attend d’écouter vos avis éclairés, ce n’est qu’esbrouffe, qu’une étape dans votre chemin.

Vous n’êtes qu’un honnête mec qui rêve juste d’aller dans l’espace une fois dans sa vie et  ça fait déjà presque 20 ans que vous vivez à la dure pour atteindre ce but.

Entre nous, vous faîtes dans l’ensemble assez peu d’efforts pour vivre des bonheurs simples, reconnaissez le quand même !

Car à ce stade, rappelons que certes vous êtes au top, gun, mais  le rêve,  au départ, ce n’est pas d’être pilote de chasse !

Mais bon, faut attendre encore, et à 35 ans, la consécration,  une convocation chez le général qui vous annonce fièrement : « Vous avez été sélectionné pour participer au prochain vol spatial dans un an. Pour vous mettre en condition et être à la hauteur, vous partez vous entraîner 6 mois à Baïkonour dans une caserne de l’ex-URSS ».
6 mois ????!!!!!!!

Allez, le jeu en vaut bien la chandelle, et tant pis si les 6 mois c’est entre octobre et mars et qu’il fait -40°.

Sympa...


Et un an après, à 36 ans, vous montez enfin dans la navette, vous faîtes 15 jours de vol en prélevant des miettes d’astéroïdes que vous rangez bien dans des petits casiers, vous voyez la terre d’en haut et vous vous rendez compte que ça ressemble finalement beaucoup à ce que vous avez vu à la télé ou dans Gravity, vous redescendez en risquant de vous brûler les ailes en rentrant dans l’atmosphère, vous atterrissez, un entrefilet dans France Soir et c’est fini.

Bon d’accord vous avez partagé l’intimité de 3 cosaques, un chinois et un yankee pendant 15 jours, à parler de rien, à vous régaler de sachets lyophilisés, à devoir chercher en haut, en bas, à droite et à gauche quand vous avez fait tomber un truc.

Peut-on imaginer 5 minutes l’inconfort que représente la vie en apesanteur dans une navette spatiale ?

L’apesanteur est une loi de gravité qui sied bien plus aux mouches qu’à nous. A coup sûr les astronautes se prendraient les pattes dans du papier tue-mouches géant si un des russkofs présent à bord décidait de faire une bonne blague. Car le cosmonaute russe (pléonasme donc) est blagueur.
Faut dire qu’eux, la nourriture en poudre ça les dérange pas beaucoup. Il n’y a pas si longtemps, le Bolino c’était une sorte de festin royal là-bas. Alors on a le temps de garder le moral et de penser à faire des conneries.


Quelle rigolade de boucher les chiottes pour voir la tête du français quand il en sort…La poilade de cacher les affaires du chinois et de le laisser chercher des heures en se moquant de lui parce qu’il a l’air de faire du tai chi en l’air.
L’humour soviet dans une navette, c’est la grande misère. Manque plus que le malheur ultime de voir débarquer un québécois et là c’est terminé. On a un concentré de lourdeur, et le tout en apesanteur. Paradoxe.

Oh non pas lui...


Et le français, ce qu’il aime c’est la finesse de l’humour anglais, la simplicité géniale de la cuisine italienne, la magnifique blondeur et froideur des déesses suédoises, et surtout, ce qu’il aime, c’est être avec d’autres français. Ses potes de promo avec qui il en a bavé pour arriver là, c’est avec eux qu’il a envie d’être !

Et alors pourquoi toujours se tirer là-haut avec des chinois et des russes dont on se fout copieusement ? pourquoi ?

Accroche tes mains à ma taille…On s'amuse !!!


On ne veut pas vivre avec eux, on veut choisir, nous spationautes tricolores, avec qui voyager pour faire de l’espace un lieu de fraternité et de goût, et pas un simulacre d’amitiés entre les peuples à devoir se fader la tête en bas les us douteux de tatares, yankees et autres asiates ! Parmi lesquels il y a toujours un traître. En tout cas c’est ce qu’il y a dans les films et ils peuvent raconter ce qu’ils veulent, on y est pas dans la navette nous.

Pourtant, c’est ce qui est extraordinaire finalement au XXI ème siècle cette possibilité que l’on a tous de voyager et de rencontrer d’autres cultures, même si ce que l’on apprécie dans le voyage, c’est aussi de rentrer chez soi.

Mais là, on parle du rêve d’une vie ! Et bien justement. Ne nous le gâchez pas. Moi si mon rêve est de voir les chutes du Niagara par exemple, je souhaite le faire soit seul, soit encore mieux avec des gens que j’aime, que je choisis, famille, amis, mais certainement pas avec des inconnus qu’on m’impose !
Ce moment unique dans votre vie, cet aboutissement, vous l’aurez donc partagé avec des inconnus alors qu’entre potes ça aurait été tellement bien.

Un belge, un russe et un canadien sont dans une navette...


Mais bon, en même temps, quand on fait des maths toute sa vie, les potes…

C’est si triste de partager les grands moments du monde et de sa vie avec des inconnus, avec qui nous n’aurons jamais le plaisir de nous remémorer ces instants, rares, faire les anciens combattants, un peu tout ce qui nous reste quand on ne fait plus grand chose.

Mais tout cela est sans importance. Que c’était bon, quelle merveille, quelles sensations, quelle récompense ! Vivement le prochain vol !

« Ah non Monsieur, la liste d’attente est longue et vous êtes un peu vieux maintenant, nous vous confions un poste dans un bureau du Ministère des Armées avec une sécurité de l’emploi et un salaire confortable pour le restant de vos jours ».

Une vie de merde pour 15 jours de bonheur. Et encore. Finalement vous racontez quoi ?

Certainement pas le quotidien avec les autres lourdeaux, ni les découvertes incroyables, mais toujours la même réflexion :

« la terre vue de là-haut, c’est incroyable ». Pour entendre vos enfants vous dire en 2016 :
« J’imagine, j’ai vu 50 reportages là dessus »
et pire, entendre vos petits enfants en 2040 vous dire :
« c’est cool ça Papi, d’ailleurs nous on y va demain faire un tour là-haut, on a eu des billets pas trop chers »…

Tout ça pour ça…

Non, ça vaut pas le coup, c’est trop tard, faut faire autre chose, définitivement.

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